Il y a un mois, nous publiions cet article d’appel à la solidarité internationale avec le mouvement révolutionnaire paysan au Brésil, menacé par le gouvernement de l’État de Rondônia (ouest de l’Amazonie) d’un nouveau massacre. Aujourd’hui, tout s’accélère, et le camp Manoel Ribeiro, occupé par les révolutionnaires de la Ligue des Paysans Pauvres (LCP), est désormais menacé d’une intervention armée imminente.
Depuis le mercredi 5 mai, la police militaire de l’État de Rondônia est déployée aux abords du camp occupé par la LCP. Lourdement armés, les policiers militaires menacent directement les paysans de commettre un massacre. De leur côté, les paysans ne se laissent pas faire et affirment que cette terre est la leur.
La volonté d’écraser la mouvement révolutionnaire paysan, dirigé par la LCP, vient directement de Bolsonaro, Président du Brésil. En effet, actuellement, le gouverneur de l’État de Rondônia, également colonel de la police militaire, Marcos Rocha, attend la validation de Bolsonaro pour déclencher une opération de la force nationale contre les paysans. Selon des sources informées des négociations entre Bolsonaro et le gouverneur de Rondônia, il n’est plus qu’une question de temps avant que Bolsonaro approuve une opération armée.
Depuis plusieurs mois, la LCP, qui organise la lutte des paysans pauvres contre les grands propriétaires terriens, est la cible d’une campagne de calomnie, de diffamation et de diabolisation de la part des autorités brésiliennes et du latifundium (grands propriétaires terriens). Dans un discours aux éleveurs le week-end dernier, Bolsonaro a ainsi qualifié les paysans révolutionnaires de « terroristes ».
Ces derniers mois aussi, les attaques contre les paysans se sont multipliées à Rondônia. Ainsi, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, plusieurs dizaines de membres de la police militaire ont essayé d’attaquer le camp, en utilisant des flashball et des grenades lacrymogènes. Toute la nuit, les paysans ont riposté et défendu le camp, forçant les policiers militaires à battre en retraite. Quelques jours plus tard, un paysan a été retrouvé tué, probablement par la police, dans la région de Rondônia. Toutes ces attaques, menées par l’État brésilien main dans la main avec le latifundium, font écho aux évènements de 1995 au cours desquelles les forces de répression ont massacré dix paysans, sur les terres où se trouve aujourd’hui le camp Manoel Ribeiro.
Face à cette répression de plus en plus brutale, les paysans ne se laissent pas faire et s’organisent pour riposter, car ils savent que le développement important de la Ligue des Paysans Pauvres ces derniers années à Rondônia pose les bases d’un grand mouvement révolutionnaire dans tout le Brésil. En effet, dans un pays majoritairement agraire comme le Brésil, la lutte pour la terre est capitale. L’immense majorité des terres agricoles du pays appartient au latifundium, c’est à dire aux grands propriétaires terriens, qui y exploitent les paysans sur un modèle féodal. Derrière le latifundium se trouvent les intérêts des grandes entreprises agro-industielles états-uniennes. La lutte des paysans pauvres au Brésil est ainsi non seulement une lutte pour le contrôle de la terre, mais aussi une lutte pour la libération du pays des griffes de l’impérialisme états-unien.
Dans un contexte d’intensification de la lutte paysanne, mais aussi de répression importante de la part de l’État brésilien, un grand mouvement de solidarité se met en place au Brésil. Récemment, 37 organisations brésiliennes ont signé une lettre publique de soutien à la Ligue des Paysans pauvres, dénonçant les manoeuvres répressives du vieil État brésilien. Dans cette lettre, il est notamment affirmé que « le devoir des forces progressistes est de combattre activement ces mensonges de l’ancien État et de s’unir autour de la défense de la LCP ! ».
À l’international également, les paysans brésiliens ont reçu un important soutien. Des actions de solidarité ont été menées par des militants révolutionnaires dans le monde entier : en Équateur, au Mexique, aux États-Unis, au Canada, en Espagne, en Norvège, en Allemagne, en Autriche, en Finlande, en France, etc. À Lyon notamment, une action a été menée au consulat du Brésil par les militants du Comité Nouveau Brésil, avec des banderoles déployées dans le bâtiment, des tracts jetés dans les escaliers et du faux sang versé sur la porte.
https://www.youtube.com/watch?v=A_Wza5aE580&t=26s
Nous vous tiendrons informés des futurs développements de la situation au Brésil.