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À l’occasion des élections régionales qui se préparent, une information a été révélée au début du mois de juin : des syndicalistes alimenteraient désormais les listes du Rassemblement National. Cette nouvelle peut à première vue paraître étrange : le RN est connu pour être farouchement antisyndical ; ses cadres ne s’émeuvent pour un mouvement de masse que lorsque celui-ci est bien distinct des syndicats. Lors des grèves, occupations et luttes dures dans des usines, magasins, entrepôts et autres, les candidats Rassemblement National condamnent systématiquement la « violence des syndicalistes » et expriment ouvertement leur haine du syndicaliste, notamment celui affilié à la CGT.
Comment donc expliquer le ralliement de plusieurs responsables syndicaux, notamment Stéphane Blanchon et Luc Doumont, de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), au RN ?
Il faut s’attarder sur plusieurs points. Premièrement, quels sont les syndicats touchés ? Aujourd’hui, principalement l’UNSA, un syndicat réformiste, qui collabore régulièrement avec les directions patronales. Ses élus sont connus pour leurs prises de position conciliatrices. L’UNSA est le premier syndicat de la RATP à Paris, son secrétaire Thierry Babec avait trouvé les conditions de travail « globalement correctes » en avril 2020, alors que les agents RATP étaient parmi les plus exposés au virus. L’UNSA a cependant exclu ou poussé à la démission Stéphane Blanchon et Luc Doumont et condamné leur décision de s’engager auprès du RN.
Deuxièmement, qui sont les transfuges qui passent du syndicalisme à l’étiquette fasciste ? Luc Doumont et Stéphane Blanchon sont des bureaucrates, l’un d’eux président d’une association de douaniers, l’autre, membre d’un comité technique auprès du ministre de la Santé depuis 7 ans. Cela nous rappelle que le syndicalisme actuel crée de tels parasites, coupés absolument de la lutte de classe, qui vivent confortablement dans des carrières petites-bourgeoises qui les conduisent à la politique. Doumont et Blanchon n’ont pas travaillé un seul jour depuis des années, ils se faisaient entretenir par l’argent du syndicat : aujourd’hui, les perspectives du RN sont plus alléchantes.
Troisièmement, et c’est le plus important : la position politique et idéologique de tels « syndicalistes » montre la faillite du syndicalisme français aujourd’hui. Que des supposés défenseurs du prolétariat puissent finir par pactiser avec les représentants de la bourgeoisie la plus réactionnaire en France est représentatif de la faiblesse de l’organisation des masses par les syndicats français pour le moment. L’UNSA, qui est un syndicat relativement petit, a quand même pu produire des responsables professionnels du syndicat et se les faire débaucher par le RN. Il n’y a pas de raison pour que ces premiers transfuges soient les derniers : c’est un vieux mouvement qui dure depuis les syndicats jaunes au début du XXe siècle. Attirés par l’appât du gain et les promesses de la bourgeoisie, une partie des « leaders » syndicaux trahit la classe ouvrière et se convertit aux pires tendances afin de se faire une place au soleil. Cet opportunisme ne mène jamais bien loin.