Le 26 juillet, le premier ministre de l’Irak, Mustafa Al-Kadhimi, était présent à la Maison-Blanche avec le président Joe Biden alors qu’il annonçait le retrait des 2500 soldats étasuniens en Irak. Ce retrait aura lieu en même temps que le départ des soldats de la coalition menée par les États-Unis en Afghanistan qui devrait être terminé le 11 septembre 2021. Cela fait partie d’une mobilisation stratégique plus large des forces étasuniennes et leurs alliés en vue d’une éventuelle guerre contre la Chine. Pourtant, les impérialistes étasuniens font face à une situation beaucoup plus compliquée qu’ils ne le laissent paraître.
Le 1er mai 2003, l’ex-président George W. Bush a atterri dans un avion à réaction sur le porte-avion USS Abraham Lincoln décoré avec une bannière affichant les mots « Mission Accomplished » (Mission Accomplie en français). Il avait alors déclaré que « Les opérations de combat majeures en Irak ont pris fin. Dans la bataille de l’Irak, les États-Unis et nos alliés ont remporté la victoire. » Pourtant, la guerre en Irak ne faisait que commencer. Le 14 décembre 2007, Bush a signé un accord avec l’Irak selon lequel les soldats étasuniens devaient quitter le pays avant le 31 décembre 2011. Le 16 décembre 2011, le retrait était terminé. Mais la guerre en Irak a continué à évoluer alors que l’impérialisme étasunien renforçait la déstabilisation de la région après le printemps arabe pour faire tomber le régime en Syrie et en Libye. Ce contexte chaotique a permis à la rapide expansion de l’État islamique en Syrie et en Irak en 2014. En réponse, des milliers de soldats étasuniens ont à nouveau été déployés en Irak pour combattre l’État islamique.
Cependant, l’Iran a réussi à s’implanter en Irak encore plus que les Yankees dans la lutte contre l’État islamique. Le soutien iranien pour les milices chiites a été essentiel et depuis que l’État islamique a été effectivement vaincu en Irak, ces victorieuses milices anti-étasuniennes peuvent agir avec liberté dans le pays grâce à leurs sympathisants dans le gouvernement. L’assassinat par drone du général iranien Qasem Soleimani, qui a été central aux opérations iraniennes dans la région, et de Abu Mahdi al-Muhandis, un important dirigeant des milices, a mobilisé toute la fraction pro-iranienne dans le gouvernement pour le retrait des militaires étasuniens. Au final, la décision provocatrice de l’ex-président Trump d’assassiner Soleimani a joué dans l’intérêt à long terme de l’Iran de devenir la puissance expansionniste de la région. Le premier ministre Al-Kadhimi, qui est plutôt pro-étasunien, a donc suivi la décision du gouvernement pour le retrait des États-Unis. Cette demande s’inscrit également dans le cadre du plan étasunien lancé par l’ex-président Obama pour concentrer la mobilisation des forces armées étasunienne contre la Chine.
Bien que le retrait des soldats étasuniens représenterait un pas en avant pour les ambitions de l’Iran dans la région, il faut tenir en compte que c’est la troisième fois depuis l’invasion de l’Irak en 2003 que les impérialistes étasuniens déclarent la fin de leur intervention militaire dans le pays. Le plus probable, c’est que les 2500 soldats restent là où ils sont et changent de titre pour assumer des rôles de formation militaire. De plus, il est certain que des centaines ou même des milliers de soldats des forces spéciales resteront dans le pays afin de contrer les milices pro-iraniennes. Objectivement, la guerre en Irak ne s’est jamais arrêtée depuis 2003 et le pays est aujourd’hui un des pays les plus mal classés par rapport à la sécurité, l’économie, la corruption et la condition des femmes.
Cependant, les masses irakiennes souhaitent la fin de la présence étrangère dans leur pays pour que la vie devienne plus supportable. La guerre en Irak a été lancée sur la base du mensonge que le dictateur Saddam Hussein détenait des « armes de destruction massive » afin de soumettre ce pays riche en pétrole à l’impérialisme étasunien. Mais il y a eu un deuxième grand mensonge : la promesse de créer une Irak démocratique et prospère par la guerre impérialiste. Toutefois, la guerre impérialiste ne fait qu’entraîner plus de guerres impérialistes contre les autres impérialistes ou les nations opprimées. Face à l’Iran, les impérialistes étasuniens vont devoir garder une présence permanente en Irak, tout en renforçant leurs forces militaires contre la Chine et la Russie. Le développement continu de la crise impérialiste oblige l’impérialisme étasunien à s’étendre davantage sur le globe pour maintenir son rôle de superpuissance impérialiste, mais cela n’est pas durable pour toujours. Surtout quand les peuples opprimés et les travailleurs du monde agissent pour porter un coup de grâce au système capitaliste-impérialiste.