Quelques numéros auparavant, nous avions présenté divers éléments caractéristiques du fascisme : comment et pourquoi il prenait forme dans notre société. Dans cet article, nous prenons un exemple concret d’organisation d’un groupuscule fasciste. Nous aborderons principalement le cas de l’Action Française (abrégé AF dans l’article), une organisation royaliste fondée en 1899 et présente aujourd’hui dans plusieurs grandes villes. Après de nombreuses crises ces dernières années, une certaine action de terrain reprend pour ce groupe bien connu pour ses dirigeants collaborateurs nazis.
Depuis la fin d’année 2020, l’Action Française se réinstalle à Reims. Ils ont tout d’abord fait irruption lors d’une manifestation contre la loi sécurité globale, en prétextant avoir leur place puisqu’ils sont eux aussi contre ce gouvernement. Malgré cela, ils étaient tout de même venus équipé de gants coqués et de protège-dents. Après avoir été raccompagnés sans violence hors de la manifestation, ils se sont vengés trois jours plus tard en agressant un militant antifasciste qu’ils ont croisé seul dans le centre-ville. Quelques mois après ils agressent à nouveau une autre personne en pleine journée.
L’AF s’est sentie pousser des ailes et recouvre quotidiennement la ville d’affiches et de stickers réclamant le retour de la monarchie. Moins officiellement, ils expriment leur idées à travers divers tags (dont les slogans sont très semblables à ceux retrouvés sur le centre culturel Avicennes à Rennes…).
Suite à l’agression d’un journaliste à Croix-Rouge, l’un des quartiers populaires de Reims, l’AF est allée déposer une banderole raciste (sur laquelle on pouvait lire « Said : une chance pour la France ? ») sur le toit de la médiathèque du quartier, alors même qu’il était cerné par les CRS (qui n’ont visiblement rien vu de cette intrusion, comme toujours).
Les collages intensifs ont repris et suite à un certain recrutement, l’AF a entrepris des séances d’entraînement au combat en plein centre-ville dans la tranquillité la plus totale.
L’AF est à nouveau présente quelques semaines plus tard, mais cette fois ci dans un rassemblement de « Les Patriotes 51 », le parti de Florian Philippot. Une manifestation contre la loi sécurité globale croise alors leur rassemblement ce qui fait intervenir la police pour protéger l’AF et les Patriotes 51.
Samedi 20 février : un membre de l’AF Reims est filmé en train de courser un militant antifasciste durant le rassemblement de Génération Identitaire à Paris.
Il était déjà connu du milieu antifasciste rémois pour avoir tenté d’agresser au couteau deux étudiants de la fac de Droit et Lettres il y a plusieurs années et pour avoir agressé un militant antifasciste avec plusieurs de ses acolytes en novembre 2020.
On entend parler d’eux une nouvelle fois dans le journal local « l’Union », puisqu’ils ont dressé et scellé dans du béton un calvaire à Verzenay, en apposant une plaque sur celui-ci « Action Francaise Reims 1er mai 2021 » sans avertir le propriétaire du terrain qu’ils faisaient parti de l’Action Française.
L’AF tente désormais de se placer en tête de cortège à Reims contre le pass sanitaire. Bien qu’ils signent habituellement leur banderole de leur logo, ils essaient cette fois-ci de cacher leur appartenance à l’organisation même s’ils tentent d’intimider des manifestants les ayants reconnu.
Pour l’occasion, l’AF s’est alliée avec les Mes Os, un groupe d’ultra du stade de Reims ouvertement fasciste (déjà connu pour plusieurs attaques),pour se battre contre une éventuelle présence antifasciste.
Comme l’AF, nombreux sont les groupuscules fascistes qui tentent d’afficher une volonté « révolutionnaire » contre la bourgeoisie et le status-quo. Pour l’AF, cela fait même partie de leur ADN de défenseurs d’une classe morte et intégrée à la bourgeoisie, l’aristocratie terrienne française. Dans les faits, il n’en est rien. Ces groupes ne prennent jamais position contre l’impérialisme et la bourgeoisie, ils n’agissent en réalité que pour briser le mouvement ouvrier dans sa juste lutte. On le voit bien lorsque l’on s’intéresse à l’établissement du mouvement fasciste que ce soit dans l’Italie des années 20 ou ailleurs : c’est payés par les grands patrons et protégés par la police que la violence des « chemises noires » se déchaînent pour tenter de mater un mouvement ouvrier très important dans tout le pays, détruisant par centaines locaux ouvriers et syndicaux, coopératives et cercles culturels ouvriers. Ces petites frappes fascistes ne sont en réalité que les sbires d’une classe terrorisée par le spectre de la révolution: la bourgeoisie impérialiste. Ce sont les agents de la frange la plus réactionnaire, qui pavent la voie à la dictature ouverte.
À Reims, il y avait déjà les MesOs et l’UNI (syndicat étudiant d’extrême droite). Voici maintenant l’Action Française, la Cocarde Étudiante, l’institut Apollon et les Némésis (une organisation d’extrême droite se réclamant féministe) qui elles aussi annoncent leur arrivée en ville. Le fascisme a l’air de s’organiser sans grandes difficultés dans cette ville comme partout ailleurs.
Comment la lutte s’organise-t-elle ?
Il s’agit d’une tâche du mouvement révolutionnaire prolétarien : combattre pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme. En combattant leur répression du mouvement ouvrier, en exposant leurs intérêts de classe au grand jour, en les empêchant de s’organiser, en appliquant une politique d’autodéfense de classe rigoureuse… Les agents du fascisme combattent pour une classe sur le déclin, qui peine à se maintenir au pouvoir. C’est en appliquant les mêmes méthodes qu’ont toujours utilisé les masses en lutte que la victoire est possible.