Traduction d’un article disponible dans la revue brésilienne A Nova Democracia
Le 2 octobre, des milliers de paysans des régions de Tiago Campin dos Santos et Ademar Ferreira, situées dans le district de Nova Mutum, à Porto Velho, Rondônia (RO), se sont rassemblés et ont tenu une Assemblée populaire (AP) pour discuter des préparatifs d’un nouveau massacre par le gouvernement réactionnaire de Marcos Rocha et le génocidaire Bolsonaro. On pouvait lire sur les visages des hommes, des femmes et des enfants la dureté et la détermination requises face à la situation qui se présente. Sur les banderoles, le cortège et les drapeau tendus, les slogans : la terre pour ceux qui la travaillent ! Vive la révolution agraire !
Face à ces familles, il y a un siège policier criminel et illégal qui vise, par la terreur et le massacre des paysans, à remettre les terres de plus de 600 familles aux latifundia (grands propriétaires terriens) et à intimider ceux qui se lèvent face à la terrible situation de misère et d’inégalité la plus ancienne.
Les dénonciations sont faites par les paysans organisés par la Ligue des Paysans Pauvres (LCP) à travers une lettre émise par l’AP. Le document indique que l’État réactionnaire brésilien, par l’intermédiaire de la Force nationale de Bolsonaro, des généraux et de la police militaire de Marcos Rocha, gouverneur de l’État de Rondônia, a intensifié ces dernières semaines la préparation d’un nouveau massacre. Pour cela, ils comptent sur l’aide de la police fédérale (PF).
Selon les dénonciations, les troupes ont agi de concert avec des bandes paramilitaires qui « sont au service des fermes Norbrasil et Santa Carmem », anciennes latifundia occupées par les paysans. Les travailleurs affirment que le groupe reste jour et nuit au siège des exploitations.
La note publiée par l’AP indique que ceux qui profitent du massacre contre les paysans sont les propriétaires terriens Antonio Martins dos Santos (Galo Velho) et la famille Leite. Tous deux sont accusés d’être des accapareurs de terres et des propriétaires supposés des anciennes fermes Norbrasil et Arco-íris (où se trouve aujourd’hui la zone Tiago Campin dos Santos) et Santa Carmem et Boi Sossego (où se trouve aujourd’hui la zone Ademar Ferreira).
Autres attaques dans la région
Ce n’est pas la première fois que les familles de ces régions résistent à des attaques lâches. Comme l’AND (A Nova Democracia) l’avait déjà signalé il y a un an, également sous le commandement de Marcos Rocha et du colonel Alexandre Almeida, les troupes de police ont perpétré toutes sortes d’actes illégaux et d’abus contre la zone de Tiago Campin dos Santos, procédant à des tortures et des arrestations, en plus du siège et de l’interdiction de l’entrée de nourriture et de lait dans la zone, lors d’une attaque qui a duré plus de cinq jours.
Le 13 août de cette année, un massacre commandé par les mêmes réactionnaires déjà mentionnés et exécuté par la police militaire, la force de sécurité nationale et le bataillon d’opérations spéciales de la police (BOPE) a coûté la vie à trois paysans de la région d’Ademar Ferreira : Amarildo, Amaral et Kevin. En outre, au cours de l’attaque, les troupes de police ont mis le feu à des maisons, ont tiré et chassé plusieurs autres travailleurs.
La CNDH met en garde contre la préparation d’un massacre
Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) a publié le 05/10 une note dénonçant l’expulsion imminente de la zone Tiago Campin dos Santos. Dans le document, le conseil déclare que depuis la décision judiciaire en faveur de l’expulsion, rendue le 27/09 par le juge Ilisir Bueno Rodrigues, un renforcement considérable de la police a été demandé pour la région.
La CNDH indique également que plus de 2 000 personnes vivent sur le site et que celui-ci « est occupé depuis 2013 par différents groupes de sans-terre, ayant émergé dans une période coïncidant avec la fin de la construction de la centrale hydroélectrique de Jirau sur la rivière Madeira, située à 120 km de Porto Velho ». Selon le texte, la fin des travaux a laissé des milliers de travailleurs sans emploi et sans logement, ce qui les a poussés dans la lutte pour la terre.
Le Conseil est préoccupé par le fait que, compte tenu de l’aggravation des conflits agraires et de la violence de l’ancien État et des latifundia à l’encontre des paysans de Rondônia et de l’ensemble du pays, notamment en pleine pandémie, de nouveaux massacres tels que le « massacre de Corumbiara », qui a eu lieu en 1995, pourraient se répéter. L’action, menée principalement par les forces répressives de l’État, a entraîné la mort de huit paysans, dont un enfant, la disparition de 20 travailleurs, 350 travailleurs blessés et 200 arrêtés.
La transformation des terres occupées en Rondônia
Les paysans ont déclaré dans une déclaration que les latifundia ont été transformés en zones où vivent des hommes, des femmes, des personnes âgées et plus de 400 enfants et adolescents. Les travailleurs y produisent des aliments tels que le manioc, la banane, les haricots, le maïs et la citrouille.
Les familles appellent « tous les vrais démocrates, intellectuels, commerçants et travailleurs en général à défendre les droits du peuple brésilien, à dénoncer ce crime » contre les paysans de Rondônia. Et enfin, ils déclarent : « Nous disons clairement, une fois de plus, que nous ne partirons pas d’ici, que ces terres appartiennent au peuple et que nous nous battrons pour elles. Nous voulons des terres pour travailler et vivre dans la dignité, et non la répression et le massacre ».