Depuis la fin du mois d’octobre, des luttes paysannes intenses agitent le Pérou. Le pays est un des plus touchés au monde par la crise du COVID et la crise économique. Depuis plus de deux ans, la situation pousse les paysans à lutter directement contre les propriétaires terriens, les capitalistes et l’État corrompu. Le 29 octobre, plus de 500 paysans péruviens ont envahi et incendié les installations de la mine d’or d’Apumayo à Ayacucho, expropriant ce qu’ils pouvaient. Le même jour, les paysans ont également envahi la mine de Breampampa, puis l’ont incendiée.
Castillo, président du Pérou et dirigeant opportuniste, a décidé de déployer l’armée en appui de la police pour 30 jours afin de « résoudre la crise ». Il prétend lutter contre le « crime organisé » alors qu’il cherche à protéger l’Etat et les classes dirigeantes du Pérou. Face à lui, les paysans demandent la fermeture des mines d’Apumayo et de Breampampa, ainsi que des mines d’Inmaculada (Ares) et de Pallancata, toutes situées à Ayacucho. Les paysans se battent contre les opérations minières car elles contaminent les eaux du bassin de la rivière Ayacucho, tuant le bétail et les poissons. Les mines déplacent également les paysans pauvres de leurs terres, prenant la seule ressource dont ils disposent pour gagner leur vie et empoisonnant l’environnement.
Le Pérou est un pays minier : il exporte énormément de ressources depuis sa création. Hier, ces métaux allaient aux colons, aujourd’hui elles vont aux impérialistes, notamment américains, qui continuent d’exploiter le pays. La propriété des mines est souvent obtenue par des menaces, des pressions et des expropriations illégales de paysans, qui ont vécu sur les terres depuis des centaines d’années. Les mines donnent du travail localement, mais celui-ci est temporaire, et jette énormément d’habitants dans la misère, car ils n’ont plus de terre à cultiver une fois le contrat terminé.
L’État fasciste du Pérou a violemment réprimé ces révoltes, en blessant plusieurs personnes avec des tirs de LBD. Mais la pression des masses paysannes a été trop forte, et les personnes arrêtées ont été relâchées. « Le risque était qu’ils allaient peut-être brûler le poste de police et voler les armes et c’est pourquoi ils ont été libérés. Il n’y a aucun détenu, ils sont tous libres », a déclaré Migna Isabel Salcedo Vila, préfet régional d’Ayacucho. On voit bien là la peur qu’ont les classes dirigeantes du Pérou à ce que les paysans soient armés, qu’ils mènent la révolution agraire et abattent l’État péruvien.