A Carrefour et Auchan, des mouvements de grève se sont mis en place depuis la mi-décembre. Dans le Pas-de-Calais, le dépôt de Carvin a été bloqué. En région parisienne, citons les Carrefour d’Ivry et de Bercy qui ont été marqués par la mobilisation. A Ivry, il a été totalement bloqué par les grévistes. Pourquoi y a-t-il une grève dans le secteur des grandes surfaces juste avant les fêtes ?
Depuis le début de la pandémie, le secteur de la distribution a été particulièrement marqué par les mauvaises conditions de travail, et les salarié.e.s expriment des hauts niveaux de stress et de fatigue. C’est également un secteur où les salaires sont extrêmement faibles. Lors des négociations sur les revalorisations de salaire, les directions ont fait des annonces qui ne correspondent pas du tout aux attentes. A Carrefour par exemple, c’est une augmentation de 1% qui a été proposée au début du mois de décembre. Ina Kingue, caissière depuis 17 ans dans l’enseigne rapporte à Sud Ouest : « 1 % d’augmentation, pour moi, c’est dix euros supplémentaires. Ils sont fous de penser que c’est suffisant ! ». Les syndicats, en tête la CGT, demandent une revalorisation sensible du salaire brut minimum à Carrefour, c’est-à-dire une hausse de 300€. La situation dans l’enseigne est telle que certains employés doivent cumuler les emplois. Un homme d’une quarantaine d’année, qui travaille à Carrefour et en tant qu’agent de sécurité, rapporte à France Bleu : « J’attaque à 4 heures le matin, ensuite j’ai une pause de deux heures pour manger et dormir un peu et après j’y retourne, jusqu’à 20 heures. ».
A Auchan, la lutte se concentre également sur les salaires. Avec l’inflation actuelle, les augmentations annoncées par le groupe, de 2,2%, ne permettent pas de maintenir le pouvoir d’achat. Autrement dit, en travaillant à Auchan en 2022, même avec l’augmentation décidée par la direction, on sera plus pauvre qu’on ne l’était en 2021. A Carvin dans le Pas-de-Calais, des employés racontent à France Bleu : « Je travaille à Auchan depuis 17 ans et je gagne 1200€ net par mois. J’ai un collègue, ça fait 36 ans qu’il est dans les rayons et il touche 1300€ seulement, c’est pas normal » dénonce Mehdi. « Même avec la revalorisation qu’on demande, je toucherai seulement 35 à 40€ net de plus par mois… »
La grève se déroule à un moment stratégique pour les grands magasins : celui des fêtes. C’est un moyen de pression fort de la part des grévistes, d’autant plus alors que le froid rend difficile la mobilisation et le blocage des unités de production. Malgré cela, un mouvement d’ampleur est en train de se passer sous nos yeux. Après de grandes enseignes commerçantes, comme Leroy Merlin ou Décathlon, les grandes surfaces sont désormais mobilisées. C’est une lutte générale pour les salaires qui est en train d’animer une partie imposante du prolétariat dans les métiers du service.