Depuis le 2 janvier, des révoltes prolétaires se sont multipliées au Kazakhstan, depuis que le prix du gaz de pétrole liquéfié (GPL) a doublé. Cette hausse est le résultat de la fin du contrôle du prix sur ce carburant essentiel à la vie quotidienne. Combinée à plusieurs d’autres politiques libérales, l’inflation élevée d’automne 2021 et la dernière grande chute du prix du pétrole sur le marché mondial, la situation économique du pays est devenue intolérable pour la population. Cette contradiction est particulièrement forte dans la région de Mangistau, à l’ouest du pays, où une grande partie du pétrole brut kazakh est extrait et où les premières manifestations ont eu lieu. Bien que la région soit une source de richesse indispensable pour l’État, elle figure tout de même parmi les plus pauvres du pays. L’exploitation est largement contrôlée par des monopoles étrangers pour l’exportation.
Dans ce contexte, les manifestations se sont lancées contre le régime capitaliste bureaucrate, établi par l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev à la suite de la chute de l’URSS. Le président actuel, Kassym-Jomart Tokaïev, a été un politicien central sous Nazarbaïev et s’inscrit dans la continuité de son règne. Historiquement, le gouvernement a cherché à équilibrer la domination semi-coloniale du pays entre les impérialismes russe, chinois et étasunien. En revanche, les impérialistes en question tentent de profiter de la révolte afin d’accroître leur influence. Les soldats russes sont déjà déployés dans le pays depuis le 7 janvier, sous un mandat de « maintien de la paix » de l’Organisation du traité de sécurité collective, dont le Kazakhstan et la Russie sont membres. D’un autre côté, le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, critique hypocritement les actions de la Russie ; alors qu’il est improbable que les ONG étasuniennes financées indirectement par la CIA et déployées au Kazakhstan vont réussir à influencer la révolte en faveur de l’impérialisme étasunien. Alors que le régime Tokaïev-Nazarbaïev continue de dénoncer le mouvement comme « terroriste », il a été forcé, entre autres, à réduire le prix du GPL à un niveau moins cher qu’avant la hausse. D’autres concessions ont été acceptées, telles qu’un moratoire sur le prix de l’électricité et des subventions au loyer pour les personnes à faible revenu.