L’impérialisme en Afrique et l’oppression des femmes

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L’Afrique et ses 1,2 milliard d’habitant.e.s forment le deuxième continent le plus peuplé du monde. En toute logique, 50 % de ces 1,2 milliard sont des femmes. Évidemment, la situation de ces femmes n’est pas la même selon les pays, les régions, les États… Il serait incorrect de mettre toute l’Afrique dans le même panier sur tous les plans. Mais les pays africains, et donc les femmes africaines, partagent un ennemi commun : l’impérialisme. Après la colonisation européenne et la « décolonisation », les masses d’Afrique n’ont pas été libérées malgré leur résistance. Leurs pays sont restés asservis aux désirs des grandes puissances impérialistes malgré les « nouveaux » gouvernements et régimes.

Des régions entières d’Afrique, comme le Sahel, sont occupées par des armées étrangères, notamment l’armée française. Certains pays, comme Djibouti, sont des enclaves pour les bases militaires des grandes puissances. Pour tous les autres, les conflits, les guerres et les difficultés économiques et sociales tracent leur origine et doivent leur développement aux crimes impérialistes qu’ont commis et continuent de commettre les monopoles et États qui découpent l’Afrique en morceaux. Aujourd’hui, des géants comme Orange, le Groupe Bolloré, Google, Ford, Unilever ou encore la Société nationale du pétrole de Chine font régner la loi du marché la plus cruelle sur tout le continent.

La situation générale pour les femmes africaines

Face à cette situation, l’oppression des femmes africaines se trouve renforcée. Celles-ci sont en effet maintenues dans les pires emplois et positions dans la société. Selon le Bureau International du Travail (BIT), dans plus de la majorité des pays d’Afrique, les femmes gagnent deux fois moins que le revenu médian des hommes. 90 % des femmes travaillent dans l’économie informelle, c’est-à-dire en dehors des cadres salariés. Cela représente des centaines de millions de paysannes qui cultivent la terre sans salaire ou avec quelques sous, d’ouvrières et travailleuses domestiques qui ne sont pas déclarées et sont payées sous le manteau des salaires de misère ou encore de vendeuses itinérantes qui peinent à joindre les deux bouts.

Le BIT, qui est une institution de l’ONU, dit qu’il faut « changer les mentalités » pour que la situation s’améliore. Bien évidemment, c’est absurde ! Ce n’est pas qu’une question de mentalité, mais de l’état de l’économie dans ces pays. L’Afrique est un juteux continent pour les impérialistes, un de ceux sur lesquels les retours sur investissement ont le plus beau potentiel. La main-d’œuvre est payée au lance-pierre et les femmes portent sur leurs épaules toute l’économie domestique et une bonne partie de la production de nourriture. Comme il n’y a pas d’horizon pour un développement économique indépendant, la situation des paysannes et ouvrières s’aggrave, l’exode rural entraîne des millions de femmes à quitter la campagne pour la misère de la ville. En Éthiopie par exemple, la capitale Addis-Abeba se peuple d’ouvrières venues travailler dans les fabriques étrangères. Certaines travaillent 60 h par semaine pour des salaires ne dépassant pas 30 € par mois, qu’elles doivent dépenser pour vivre dans des logements de fortune. Tout ce qui est produit par ces femmes ne profite évidemment pas à l’amélioration de leurs conditions de vie, mais à enrichir les capitalistes sur le marché mondial. Voilà un exemple direct de l’impact de l’impérialisme sur les femmes africaines.

Cela n’est pas nouveau : lors de la colonisation par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les autres puissances, les femmes étaient également parmi les premières à être attaquées par les impérialistes. Elles étaient asservies dans des tâches domestiques (nettoyeuses par exemple) et subissaient des punitions ainsi que des violences physiques et sexuelles. Aujourd’hui encore, les femmes qui travaillent en tant que ménagères dans des villas de riches expatriés (plus de 250 000 français en Afrique) sont souvent traitées de la pire des manières et ne bénéficient d’aucune protection. Quant aux violences, le viol est une arme de guerre et depuis toujours lié aux armées. En Afrique, la prostitution à Djibouti s’est par exemple développée sur les bordels créés par l’armée française. Cette situation continue aujourd’hui et les militaires français, américains etc stationnés à Djibouti sont les principaux clients de la prostitution. En 2016, dix Djiboutiennes réfugiées en Europe s’étaient mises en grève de la faim pour protester contre les viols qu’elles avaient subis par des soldats de Djibouti, dont l’armée est une alliée stratégique de la France. Des médecins militaires français qui avaient accepté de constater des cas de viols « ont dû revenir sur leurs déclarations, à la demande de la France, après les pressions du gouvernement djiboutien » selon une militante associative soutien des dix Djiboutiennes.

L’exode rural et les exils forcés mettent beaucoup de femmes dans la misère en Ethiopie

La lutte des femmes des masses prend forme

Bien entendu, cette situation entraîne de la résistance. Les femmes africaines sont mobilisées dans la lutte contre l’impérialisme, les pratiques patriarcales féodales et les dirigeants fantoches de leurs pays depuis plus de 150 ans. Dans l’Histoire, on peut se souvenir des N’Nonmiton, un groupe de femmes armées qui ont combattu le colonialisme français au Bénin dans les années 1890. Aujourd’hui, en Centrafrique, pays occupé par un grand nombre de soldats français, des manifestations amènent toujours des centaines de personnes, dont de nombreuses femmes, à protester contre l’armée française.

Les soldats français rapportent ressentir la « haine » dans les villages qu’ils traversent La politique du « chéquier », où la France « dédommage » les victimes des crimes de guerre avec des sommes dérisoires, ne fonctionne plus pour acheter le silence. Des affaires ressortent, et la hiérarchie militaire tente d’intimider les familles qui se mobilisent. Mais dans plusieurs pays, comme par exemple le Sénégal, des mobilisations contre les violences faites aux femmes se multiplient après que des affaires aient secoué le pays. Il y a là les premières étapes pour faire cesser l’impunité des crimes commis par des criminels réactionnaires en général et des militaires en particulier.

Au Soudan, la place des femmes dans les révoltes de 2019 est un exemple de cette lutte. Face à la dictature militaire, les femmes du Soudan se sont mobilisées en masse. Beaucoup d’entre elles portaient des vêtements particuliers, pour rappeler la lutte de leurs mères et grand-mères qui avaient les mêmes habits dans les manifestations des années 60, 70 et 80. Les longues robes blanches de coton que certaines mettaient en avant faisaient l’unité entre les paysannes des champs de coton, une grande ressource du pays pour l’exportation, et les tuniques des femmes qui travaillent dans les villes.

Il n’y a pas de doute que la mobilisation des femmes africaines sera un grand marqueur de l’avancée de la libération des masses toutes entières sur le continent dans les années à venir. A l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme et ses manifestations les plus inacceptables, elles sont capables de faire trembler les plus grands criminels dans leurs bureaux de Paris, Washington, Londres et autres.

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