Ce dimanche 27 février, une soixantaine de personnes ont répondu à l’appel de la Cause du Peuple et des Jeunes Révolutionnaires à se réunir pour commémorer Pierre Overney, ouvrier maoïste tué le 25 février 1972 par un vigile de l’usine Renault-Billancourt. Sous un beau temps et dans une ambiance accompagnée de chants et de discours, le rassemblement est allé jusqu’à la tombe de Pierrot qui a été fleurie par les personnes présentes.
Nous reproduisons ci-dessous les interventions prises devant la tombe :
Pour la Cause du Peuple :
Il y a 50 ans, le 25 février 1972, Jean-Antoine Tramoni, vigile de l’usine Renault-Billancourt, tue de sang froid Pierre Overney avec son pistolet.
Tramoni était un des chefs parachutistes de Massu, général barbare de la guerre d’Algérie, tortionnaire et criminel de guerre. La « guerre », Tramoni l’invoquera dans son procès pour expliquer pourquoi il a tiré sur Pierre Overney.
« Pierrot », comme on l’appelait chez les siens, était le fils d’un couple d’ouvriers agricoles de Picardie. Devenu ouvrier à Citroën puis à Renault, il avait participé aux actions du Comité de lutte local et de la Gauche Prolétarienne à partir de 1969. C’était un des militants les plus engagés : pour les transports gratuits, contre les petits chefs, pour la diffusion de la Cause du Peuple aux ouvriers de l’usine et tant d’autres choses. Son militantisme lui avait valu un licenciement pour « faute grave » après un piège tendu par la maîtrise de l’usine.
Malgré son licenciement, il restait lié aux ouvriers de l’usine : il militait avec eux, diffusait les tracts du Comité Palestine Renault, et était rentré plusieurs fois illégalement dans l’usine malgré les menaces de la maîtrise et des gros bras vigiles. Les patrons le considéraient comme un agitateur dangereux, et c’est ce qui lui vaudra la haine violente de leurs chiens comme Tramoni.
Le 25 février 1972, Pierrot se rend une fois de plus à Billancourt, pour appeler à commémorer la manifestation antifasciste du métro Charonne, qui avait eu lieu 10 ans plus tôt. Malgré les menaces, il vient quand même distribuer les tracts, car il sait l’importance qu’il y a à protester contre la barbarie et les guerres impérialistes, comme l’était la guerre menée par la puissance coloniale française en Algérie en 1962. De nos jours, cet engagement n’a pas pris une ride, alors que les puissances impérialistes cherchent à nous embrigader dans leurs guerres injustes de rapine et d’anéantissement.
A la porte Zola de l’usine, devant les grilles, Pierrot et ses camarades avancent. Le service d’ordre, chiens enragés des patrons de Renault, accourt pour empêcher les militants d’entrer. Le vigile Tramoni, alors qu’il n’est pas menacé, lève son arme et tire sur Pierrot. Il est 14h30 : Pierrot est tombé.
Le 4 mars 1972, pour ses obsèques, des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues de Paris jusqu’au Père Lachaise malgré les intimidations de la bourgeoisie et des directions du PCF et de la CGT. Mais la classe ne s’y est pas trompée, contre les directions révisionnistes. De grands drapeaux rouges flottent et le chant « Nous vengerons Pierre Overney » retentit. Pierrot est tombé : il est tombé pour la Cause du Peuple, pour la cause révolutionnaire en laquelle il croyait, pour toutes celles et ceux de sa classe, le prolétariat, qui luttent.
Malgré les témoignages des parents de Pierrot, de son frère Michel militant à la Gauche Prolétarienne, et des témoins ouvriers, la justice bourgeoise ne condamnera Tramoni qu’à 4 ans de prison. En 1977, 5 ans après la mort de Pierrot, son assassin sera lui-même tué en vengeance par un commando des NAPAP dont les membres ne furent pas retrouvés. La justice était rendue : et aujourd’hui nous l’avons en tête à chaque fois que nous entonnons « Pas de justice, pas de paix ! ».
En 2012, 40 ans après la mort de Pierrot, notre Camarade Pierre avait lancé l’appel (Erratum : un premier rassemblement avait eu lieu en 2011) : rendons hommage à Pierre Overney ! Depuis, le rendez-vous était pris, et chaque année nous avons honoré la mémoire de Pierrot au Père Lachaise. Notre Camarade nous a quitté en 2017, mais comme Pierrot, il est immortel car son héritage est renforcé et élargi dans les luttes.
Pierre Overney est un symbole pour nous : sa mort en martyr résonne dans la vie quotidienne du prolétariat. Le capitalisme à son stade impérialiste créé une société qui tue tous les jours : accidents du travail évitables, cadences infernales, directions qui poussent au suicide, violences policières, féminicides…
Si le nom de Pierre Overney a un sens 50 ans plus tard, c’est celui de toujours nous pousser à regarder dans les yeux nos ennemis, de relever la tête et d’enfin rendre coup pour coup. Seule notre classe peut se rendre justice face à ses bourreaux !
Rendons hommage à Pierrot, mort pour la Cause du Peuple !
Pierre Overney : présent !
Camarade Pierre : présent !
Pour les Jeunes Révolutionnaires :
Pierre Overney est tombé en 1972, à 24 ans. C’était il y a 50 ans.
Pierrot était un jeune ouvrier, révolutionnaire, maoïste. Il appartenait à la Gauche Prolétarienne, l’organisation la plus combative de la période bouillonnante qui a commencé en Mai-Juin 1968.
Nous, qui sommes les Jeunes Révolutionnaires, souvent de son âge ou plus jeunes encore, nous disons 50 ans après : Pierre Overney est des nôtres, il vit dans la lutte qui est menée tous les jours !
Quand nos camarades sont poursuivis par la justice bourgeoise pour avoir agi contre des fascistes et pris les devants des mobilisations, nous nous souvenons de Pierrot qui dénonçait la répression de la manifestation de Charonne.
Quand nos camarades doivent payer des amendes démesurées pour outrage à des flics alors que des vidéos montrent les agressions violentes et répétées de la police, nous nous souvenons des lâches gendarmes qui avaient tué Gilles Tautin en 68.
Quand des jeunes qui se sont révoltés sont mis en prison et traités de bons à rien par l’État, que certains sont tués par les mâtons et humiliés parce qu’ils ont compris qu’on a raison de se révolter, nous nous souvenons de Pierre Overney qui affrontait l’agent des patrons Tramoni.
Quand les petits chefs insultent et humilient nos camarades au travail ou au chômage, les licencient ou refusent leurs CVs, et pensent ainsi nous briser, nous nous souvenons de Pierre Overney qui avait été viré de Renault pour avoir voulu rendre coup pour coup.
Quand des jeunes sont violés ou tués par la police française parce qu’ils ne se sont pas conformés à un contrôle d’identité raciste, nous nous souvenons de Pierre Overney et de Djellali Ben Ali tué à la Goutte d’Or quelques mois plus tôt.
Le Drapeau rouge que Pierre Overney tenait, d’autres l’ont repris. Nous le reprenons aujourd’hui et d’autres le reprendront après nous. Peu importe à quel point il fût déchiré, insulté par nos ennemis et piétiné par les traîtres, il flottera toujours à l’avant-garde des luttes du prolétariat jusqu’à sa victoire totale !
La lutte de notre classe nous met sur la voie de Pierre Overney, et nous devons affronter tous les obstacles avec la détermination qu’il montrait au quotidien. Les révolutionnaires n’ont pas peur d’abattre les murs de l’État bourgeois, de sa police, des chiens qui le défendent. Si les directions petites bourgeoises ont été refroidies par le martyr de Pierrot, le prolétariat, lui, n’a jamais lâché. Il lui faut désormais se lancer à l’offensive et pour cela, nous avons besoin d’un état d’esprit sérieux et enthousiaste.
Nos martyrs sont immortels !
Pierre Overney, jeune ouvrier, mort pour la Cause du Peuple !