Le 23 Janvier 2019, Juan Guaido, président de l’Assemblée Nationale, s’est autoproclamé illégalement « président par intérim » de la République. Il dirigeait jusqu’alors la seule institution contrôlée par la branche pro-américaine de la bourgeoisie vénézuélienne, à la tête d’une coalition anti-gouvernement.
Cette tentative de coup d’Etat fait écho à la rébellion de 27 soldats il y a plusieurs jours et aurait pu n’être qu’un épisode de plus dans la crise vénézuélienne sans l’intervention internationale. Mais voilà, après quelques heures seulement, l’impérialisme américain et l’impérialisme canadien, principaux maîtres en Amérique du Sud, ont immédiatement appuyé Guaido, suivis par les semi-colonies américaines comme le Brésil, la Colombie, le Pérou etc. Le groupe américain « De Lima », composé de 12 pays alignés sur les USA et le Canada, ne reconnaissent plus le gouvernement de Maduro depuis le début de ce mois. Dans un communiqué, la Maison Blanche est allée jusqu’à annoncer que les USA feraient peser tout leur poids « économique et diplomatique » afin que le renversement de régime soit complet. Le 24 janvier, les impérialismes proches des USA sur les questions sud-américaines, comme l’Etat français, ont appuyé la position pro-Guaido.
Maduro, lui, bénéficie du soutien de l’armée. Internationalement, il a été soutenu par l’impérialisme russe, par Cuba, par le Mexique et par l’impérialisme chinois, désormais principal importateur du pétrole vénézuélien en dépit des sanctions et déstabilisations économiques. Il n’est pas anodin que cette énième attaque américaine sur le gouvernement rentier de Maduro, qui va cette fois jusqu’au coup d’Etat, arrive précisément quelques mois après que la transition entre extraction au profit des USA et extraction au profit de la Chine se soit intensifiée. Cela fait écho aux derniers prêts chinois au gouvernement de Maduro, qui ont fait monter en septembre dernier le nombre de barils exportés vers la Chine à plus d’1 million par jour, plus de 70% de la production du pays.
Dans ce bourbier et ces contradictions internes à la bourgeoisie, les masses populaires du Venezuela ont tout à gagner. Aujourd’hui, il faut dénoncer avant tout l’ingérence impérialiste, et lutter internationalement contre une intervention militaire ou le soutien matériel des impérialismes américains, canadiens, français etc au coup d’Etat, qui arriveront si le gouvernement de Maduro tient la barre face à Guaido. L’Etat compradore sur lequel se dresse le pouvoir des bureaucrates comme Maduro arrive lui aussi à bout de souffle, 20 ans après la « révolution bolivarienne ». Repousser l’ingérence impérialiste est désormais et plus que jamais le premier devoir des révolutionnaires au Venezuela.