Le début du mois de novembre 2022 a été marqué par une résurgence des tensions en Asie, plus précisément en Corée, où la Corée du Nord a tiré des missiles en réaction aux exercices aériens de l’armée sud-coréennes et de l’armée états-unienne dans le ciel coréen.
Cet événement a largement fait réagir à l’étranger, comme en Europe au moment de la visite à Taïwan de Nancy Pelosi cet été. A nouveau, les USA affirment leur présence militaire, économique et diplomatique dans la région, et leur intention de domination. Ces exercices conjoints en sont l’exemple : voilà 5 ans qu’ils n’avaient pas eu lieu. Pourquoi les remettre en place cette année ?
Car la Corée du Nord a effectué, au printemps de cette année, de nouveaux essais de missiles intercontinentaux. Son dernier modèle, qui peut déjà très largement frapper les USA, suivrait, selon les experts militaires états-unien, la voie d’un lancement en orbite basse afin de frapper plusieurs cibles. Pour les USA, qui sont capables de bloquer 11 missiles lancés en simultané avec une efficacité de 100 %, ce n’est pas encore une réelle menace. Et de plus, il est connu depuis des décennies désormais que la Corée du Nord ne s’arme pas pour viser la destruction des États-Unis, une superpuissance face à laquelle elle n’est pas dans une relation d’égal à égal. En effet, l’État le moins riche des États-Unis, le Vermont, reste plus riche que toute la Corée du Nord, alors qu’il est 35 fois moins peuplé ! Il est ridicule que les Etats-Unis, le seul pays sur la planète capable de diviser le monde en zones d’opération et de frapper n’importe où n’importe quand, s’inquiète d’une telle « menace ».
Non, ce retour des tensions, après Taïwan, dans la région, rappelle la place stratégique de l’Asie-Pacifique dans la contradiction inter-impérialiste. Pendant la 1ere Guerre Mondiale, la 2ème Guerre Mondiale ou même dans des conflits plus anciens comme la guerre Russie-Japon, cette zone a pris une place importante, voire principale en fonction des moments. On y trouve plusieurs des puissances impérialistes les plus puissantes au monde : les USA (façade Ouest, Guam, îles Mariennes), la Russie sur sa façade Est, la Chine, le Japon, la France et le Royaume-Uni, à travers leurs colonies dans l’Océan Pacifique, le Canada, ainsi que l’Australie en Océanie. En 2009, Obama avait d’ailleurs dit des USA qu’ils étaient un pays « Asiatique Pacifique ».
Un exemple probant de cette importance stratégique : tandis que les USA ne souhaitent pas intervenir directement en Ukraine, ils ont rappelé à plusieurs reprises ces derniers mois, en menace envers la Chine, que toute invasion de Taïwan serait contrée par une invasion états-unienne. L’été dernier, l’affaire des sous-marins « AUKUS », qui avait beaucoup fait parler en France, rappelait les enjeux militaires, économiques et financiers qui se jouent dans la région. L’armement des deux Corées, les tentatives de remilitarisation du Japon depuis 15 ans, la position de Taïwan comme jardin de l’impérialisme US, les escarmouches en Mer de Chine qui occupent les terres d’États comme les Philippines… Tout cela témoigne de ce phénomène.
Cependant, ne nous perdons pas dans l’analyse. Cette région n’est pas l’alpha et l’oméga de la politique mondiale. C’est simplement un endroit où se concentrent les contradictions entre impérialistes aujourd’hui. Mais le principal est la contradiction entre les impérialistes et les très nombreux peuples opprimés du monde, la majorité de la population mondiale. La révolution ne sera pas faite par l’Océan Pacifique, elle sera faite par les masses. Et celles-ci se concentrent dans les cœurs battants de la révolution mondiale : l’Asie (Pacifique mais pas seulement!), l’Amérique Latine (où les mouvements se multiplient ces dernières années) et l’Afrique ! Rappelons-nous qu’en 1917, lorsque les impérialistes avaient tous les yeux rivés sur l’est de la France où se jouait leur guerre sanglante entre riches, c’était à l’Est, à Petrograd en Russie, que le centre de la révolution mondiale se trouvait ! Nous ne devons pas seulement regarder ce qui intéresse les riches et puissants de ce monde, mais nous tourner vers celles et ceux qui nous ressemblent, qui luttent et gagnent.