Pérou : Violente répression et nouveau souffle révolutionnaire

Au Pérou, les fractions de la classe politique réactionnaires s’affrontent : Le 7 décembre 2022, Dina Boluarte remplace le droitier opportuniste Pedro Castillo après sa destitution et son arrestation. Dans cette bataille, chaque fraction a cherché le soutien de l’armée : Boluarte mettant à la tête du Congrès l’ancien général José Williams ; Castillo ayant précédemment nommé un membre de la promotion militaire de l’ancien président fasciste Humala Taso comme ministre de la Défense. La répression policière qui a suivi les contestations a fait plus de 50 morts et des centaines de blessés dans le pays. La répression a connu son point culminant avec le massacre injustifié commis dans la ville de Juliaca (Sud-Est du pays), avec 17 décès lors d’une manifestation ce lundi 9 janvier.

La bataille entre fractions politiques prend aussi un tournant judiciaire : mardi 8 décembre, le parquet a annoncé une enquête pour « génocide » contre la présidente Dina Boluarte et plusieurs hauts responsables, pour leur rôle dans la répression des manifestations depuis décembre. Le lendemain, les manifestations se poursuivent dans tous les pays et masses insurgées ont tenté d’envahir l’aéroport de Cusco (ancienne capitale de l’Empire inca et accès au celèbre Machu Picchu), second plus important trafic aérien au Pérou. Le ministère des transport a annoncé la fermeture de ce terminal pour une durée indéterminée ce jeudi. L’hôtel de luxe Marriott de la ville a été pris pour cible dans la nuit de mercredi à jeudi lors d’une marche nocturne. Jeudi 12, de grandes manifestations ont été organisées dans 10 des 25 régions du Pérou, dont la capitale Lima et les villes de Tacna, Moquegua, Puno, Cuzco, Abancay, Apurimac, Arequipa, Madre de Dios et Huancavelica, dans le sud et l’est du pays, ainsi qu’à San Martin, dans le nord. Des axes routiers sont bloqués dans ces régions.

Pour le Mouvement Populaire du Pérou (organe du Parti communiste du Pérou pour le travail international), le pays connaît aujourd’hui un développement de sa situation révolutionnaire, reprenant trois caractéristiques synthétisées par Lénine : 1) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sans produire aucun changement ; crise des « sommets », crise de la politique de la classe dirigeante, qui ouvre une brèche par laquelle filtrent le mécontentement et l’indignation des classes opprimées. Pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que « ceux d’en bas ne veuillent pas » mais il faut aussi que « ceux d’en haut ne puissent pas » vivre comme avant ; 2) Une aggravation plus qu’ordinaire des besoins et des calamités des classes opprimées ; 3) Une élévation considérable, en vertu des causes précédentes, de l’activité des masses, qui en temps de paix se laissent piller tranquillement.

Les communistes péruviens appellent alors à rejeter les mots d’ordres bourgeois d’appel à de nouvelles élections ou à changer de constitution par une « Assemblée constituante ». Ils poursuivent leur tâche de réorganisation du Parti communiste, gravement atteint par l’arrestation de sa direction en 1992. Vive la Guerre populaire au Pérou !

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