Actions Robin des Bois, sabotages : nouvelle forme de lutte de classes ?

Propulsées sur le devant de la scène par l’attention médiatique, des actions ne cessent de faire les unes : des coupures de courant ciblées chez des politiciens ou dans des grands sites de production, de l’électricité gratuite pour les centres sociaux, les barres HLM ou les quartiers populaires. Tout ça, revendiqué par des communiqués syndicaux aux airs de revendication d’actions directes illégales. Sur les plateaux TV, les élus et les bourgeois font des pieds et des mains pour dénoncer, tandis que les syndicalistes assument tout, même l’illégal.

Est-ce nouveau tout ça ? En réalité non. Dans les grandes grèves des années 1930, 40, 50 etc, on trouvait des sabotages de l’outil de travail par les prolétaires, c’est vieux comme l’exploitation ! De la même manière, l’utilisation de l’outil de travail ou du travail collectif pour créer de la solidarité ouvrière et du soutien pour le mouvement se retrouve dans tous les mouvements de grève durs dés le XIXème siècle. Dés 1900, c’était l’époque de « l’Éteigneur d’Étoiles », surnom de l’anarcho-syndicaliste Émile Pataud qui coupait le courant à Paris en cas de grève. Ce n’est donc pas nouveau.

Mais ce n’est pas du réchauffé pour autant ! Si ces actions font les gros titres aujourd’hui, c’est car le train-train intersyndical nous a habitué depuis 30 ans à des mouvements légalistes qui se concentrent sur des manifestations bien encadrées comme il faut. Mais le fond de l’air a changé : les Gilets Jaunes sont passés par là. Du coup, même Laurent Berger de la CFDT doit admettre que parmi ses adhérents, l’idée d’appliquer la violence dans la lutte de classes par l’action illégale a fait son chemin.

Dans la CGT, quelques fédérations portent les mots d’ordre les plus radicaux et prennent le risque de l’action illégale. Cela fait grincer les dents de la bourgeoisie, et même de certains dirigeants syndicaux. Au sein des centrales, on s’engueule sur les modalités d’action : coupures sauvages, baisse de production, blocage de sites ou bien barrages filtrants… Il y a de l’agitation dans l’air. De plus en plus de personnes arrivent par elles-mêmes à la conclusion que la violence révolutionnaire n’est pas seulement légitime, mais nécessaire.

Cependant, le sabotage ciblé, les blocages ouvriers, les actions « coup de poing », ne sont pas une fin, mais simplement un moyen. Il ne faut pas les idéaliser : sans mouvement révolutionnaire général, les courageuses actions menées partout resteront lettre morte et ne pourront qu’isoler leurs auteurs. Si ceux-ci ne sont plus soutenus par les larges masses, alors l’État bourgeois et sa justice de classe pourront les écraser dans l’impunité tout comme il écrase les révoltes dans les banlieues. Ainsi, cette évolution de la lutte de classes n’est pas une nouveauté, mais un certain « retour aux fondamentaux » rafraîchissant, mais qui ne doit pas nous faire perdre de vue l’organisation générale de la classe ouvrière pour son émancipation révolutionnaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *