Le peuple sénégalais se soulève contre la bourgeoisie corrompue et l’impérialisme français

Il y a deux semaines, des émeutes ont éclaté au Sénégal à l’annonce de la condamnation d’Ousmane Sonko, principal opposant au président actuel Macky Sall pour les prochaines élections présidentielles en 2024.

Tout comme l’avait fait son prédécesseur, le président tentera certainement de prolonger son temps au pouvoir avec un troisième mandat, alors que ce n’est pas autorisé dans la constitution. Pour ce faire, Macky Sall s’aide de la justice pour éliminer ses opposants : Sonko est jugé pour des faits d’agression sexuelle sur mineur et de menace de mort. Pourtant le procès l’acquitte de ces faits et le condamne pour corruption de la jeunesse. C’est un crime qui est défini comme tel : « quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement, des mineurs de seize ans », et qui a pour peine deux ans de prison ferme. De plus, le juge ne réclame pas son arrestation immédiate, ce qui accentue les raisons politiques de son enfermement. Cela conforte aussi l’opinion dans le fait que le but n’était pas d’obtenir justice pour la victime puisqu’il a été acquitté des faits principaux, mais de l’empêcher de se présenter aux élections.

La contestation ne se fait pas attendre : des manifestations émeutières éclatent dans le pays, des bâtiments, magasins et infrastructures publiques sont prises pour cible, dont des entreprises françaises. L’influence économique et politique de la France est restée grande après la décolonisation à cause de la bourgeoisie compradore1 qui continue de vendre le Sénégal à de grosses compagnies françaises, comme Orange qui détient le monopole sur les télécommunications dans plusieurs pays d’Afrique. Ousmane Sonko représente une position panafricaine, anti-France et anti-franc CFA, contre la bureaucratie au service des impérialistes et pour une bourgeoisie industrielle nationale. C’est pourquoi ces émeutes dépassent largement sa personne : elles représentent la révolte d’un peuple qui ne veut plus de ce régime corrompu à la solde des intérêts de la bourgeoisie impérialiste française. Pour l’instant, le mouvement de masse des ouvriers et des paysans est sous direction de la bourgeoisie, mais il garde une claire orientation anti-impérialiste.

Comme à son habitude, Macky Sall utilise la violence pour faire taire le mouvement. Les forces de l’ordre tirent à balles réelles sur les manifestants : au moins 23 personnes ont perdu la vie dans des affrontements contre la police. Les réseaux ont été coupés pour soi-disant lutter contre « la diffusion de messages haineux et subversifs » – en réalité, c’est pour éviter la propagation des informations autour des révoltes. Bien sûr, cette répression sanglante ne se fait pas sans l’aide d’armes anti-manifestants que le gouvernement sénégalais achète à… la France ! Grenades lacrymogènes et grenades GM2L2 ont été retrouvées sur les lieux des manifestations. Rappelons que la France est le troisième pays exportant le plus d’armes au monde. C’est un business très lucratif pour la bourgeoisie française, qui a par ce biais participé à la répression de multiples révoltes dans le monde, et à la mort de milliers de personnes.

Pour tenter d’endiguer les révoltes, le président a annoncé le lancement d’un « dialogue national ». Sonko a refusé d’y participer et les partis d’opposition tentent de poser à l’ordre du jour la question du troisième mandat. En parallèle Sonko continue à appeler à la mobilisation et à la résistance. Le peuple sénégalais continue à se montrer présent, bien au-delà des revendications En France aussi des manifestations de soutien sont organisées à Paris par la diaspora sénégalaise.

1 Dans un pays dominé, c’est la classe bourgeoise au service des impérialistes étrangers.

2 Grenades fabriquées par Alsetex, fabricant d’armes et de munitions français. Elles sont utilisées par les forces de l’ordre française depuis 2018, qui en ont fait massivement usage lors de la manifestation à Sainte-Soline le 25 mars 2023, faisant plus de 200 blessés.

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