Le 7 mars est passé, et l’appel a été entendu : les plus grandes manifestations depuis 30 ans ont battu le pavé dans toutes les villes du pays, grandes, moyennes et petites. Des millions de personnes sont sorties, ont crié, chanté, pesté contre la réforme des retraites, et plus largement contre le gouvernement de la bourgeoisie. Noires de monde, les rues se sont remplies en même temps que la puissance électrique des centrales se vidait grâce aux actions coup de poing de certains travailleurs.
Et en réponse… le silence. Macron, trop occupé à faire le colon en Afrique, a ignoré le 7 mars, et le 8, il a préféré « honorer » Gisèle Halimi dans la plus grande hypocrisie. Même l’intersyndicale, qui a pourtant ses habitudes dans les ministères, n’a pu que se plaindre d’un gouvernement qui fait la sourde oreille et refuse de les recevoir.
Voilà la réalité: nous sommes des millions et ils nous ignorent. Pire, on voit la crise politique de la bourgeoisie s’approfondir avec l’utilisation du 49-3 qui permet au gouvernement de se passer du vote à l’Assemblée Nationale. La démocratie française est, de façon visible pour le monde entier, une farce. Le Parlement n’est qu’un théâtre où se jouent des pièces sans enjeu. Suite à l’annonce de la décision du gouvernement, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans des cortèges improvisés et des manifestations illégales, entraînant la peur des maires et préfets. Les courageuses mobilisations des éboueurs sont cassées par des réquisitions brutales qui bafouent le droit de faire la grève.
Alors que faire maintenant ? Doit-on se résigner et suivre la voie de la conciliation, rentrer dans nos appartements trop chers et nos maisons à crédit, reprendre nos tafs à la noix, et attendre la prochaine fois ? Aurait-on dû écouter les sociaux-démocrates et la CFDT et arrêter la révolte s’il y avait eu un vote à l’Assemblée ? Non, il faut arrêter de jouer au jeu de l’État bourgeois, au jeu du Parlement etc. On continue de s’étonner de perdre face à un adversaire qui a toutes les cartes en main et écrit les règles !
Le mouvement contre la réforme des retraites démontre la nécessité d’une direction authentiquement révolutionnaire et prolétarienne au mouvement social, seule capable de faire réagir la bourgeoisie au pouvoir. Elle ne l’écoutera pas, non, ne négociera pas avec lui, non plus. Mais elle ne pourra que claquer les dents de peur face à la puissance d’une classe ouvrière unie qui lui annonce que son temps est venu, qu’il est l’heure de jeter aux poubelles de l’Histoire son système tout entier par la nécessaire révolution.