République démocratique du Congo : derrière le conflit, la bataille féroce des impérialistes pour les ressources minières

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Le 12 février, des drapeaux américains et belges brûlent devant les ambassades et les bureaux de l’ONU, à Kinshasa, la capitale. Les manifestants protestent contre le conflit qui ravage leur pays depuis 25 ans, qui a déjà fait plus de 6 millions de morts, sous les yeux des impérialistes pilleurs, indifférents à un énième génocide.

Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le conflit, passé sous silence par les grands groupes de presse de nos pays impérialistes, dure depuis 1996 et a fait 6 millions de morts et des millions de déplacés. Une multitude de groupes armés et de régimes laquais dans la région, travaillant pour différents impérialistes, sont impliqués. Depuis 2 ans, c’est principalement le M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo qui s’affrontent. Le M23, soutenu par le Rwanda, fonde ses revendications sur une discrimination à l’égard des Tutsis congolais, qui ont fui le génocide dont ils étaient victimes au Rwanda en 1994, et d’autres communautés ethniques du nord et du sud du Kivu, considérés d’origine rwandaise. Depuis le génocide de 1994, le contrôle des minerais et des circuits de sortie est pour le Rwanda une manière de continuer la guerre sous une autre forme. L’enjeu est de taille : se créer une base économique pour compenser sa situation géographique enclavée et ses modestes ressources naturelles.

« Les Occidentaux sont derrière le pillage de notre pays. Le Rwanda ne fonctionne pas seul, ils doivent donc quitter notre pays », a déclaré un manifestant à Reuters. La foule a jeté des pierres sur l’ambassade américaine, brûlé des drapeaux, et détruit des magasins étrangers, comme celui de la chaîne française Canal+. Plusieurs véhicules de la mission dite de « maintien de la paix » de l’ONU ont été incendiés et pillés dans l’est de la RDC. La police a réprimé les manifestants en tirant des gaz lacrymogènes et en gardant plusieurs ambassades, notamment les ambassades de France et des États-Unis. Ceux-ci ont d’ailleurs demandé à leurs ressortissants de « faire profil bas » et de ne pas sortir de chez eux, et de nombreuses écoles internationales et boutiques d’impérialistes ont été fermées. Déjà en mars 2023, lors de son voyage stratégique en Afrique centrale pour tenter de préserver les intérêts menacés de l’impérialisme français, Macron avait été accueilli par des manifestants : « Nous avons brûlé le drapeau de la France (…) pour exprimer notre indignation vis-à-vis de l’appui financier que la France apporte au Rwanda pour financer les rebelles du M23 qui nous agressent. »

La RDC présente un grand intérêt pour de nombreux impérialistes en raison de ses ressources naturelles : elle dispose de 80 % du stock mondial de coltan, dans les sous-sols du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Reconnu pour sa dureté et sa résistance extrême à la chaleur et à la corrosion, ce métal est utilisé dans l’industrie aérospatiale, l’armement et l’électronique. En outre, le coltan congolais possède une radioactivité élevée ; sa concentration pourrait fournir des matières fissiles susceptibles de remplacer l’uranium dans certaines applications. Actuellement, c’est la Chine qui contrôle la plupart des mines du Congo et fournit à l’État congolais des drones et des armes pour lutter contre le groupe M23. En outre, les forces armées de la RDC sont directement soutenues par la soi-disant mission de « maintien de la paix » de l’ONU, qui se retire toutefois après avoir fait face à l’opposition du peuple congolais et à l’échec de la « stabilisation » du pays. Les forces de « sécurité » de la RDC ont commis de nombreuses atrocités contre la population, telles que des exécutions extrajudiciaires et la répression contre ceux qui ont critiqué l’opération de l’ONU dans le pays.

Le M23 a progressé de manière significative au cours des derniers mois et se trouve désormais aux portes de Goma, la capitale du Nord-Kivu1. Goma est la seule ville de la région à disposer d’un important aéroport international et d’infrastructures conséquentes. L’inquiétude des impérialistes à l’égard du M23 n’a rien à voir avec une inquiétude pour le peuple congolais. La seule chose qui les inquiète, en réalité, c’est la perte d’accès aux ressources minières, comme l’ont dénoncé les manifestants.

1 En 2012, pendant 10 jours, le M23 avait déjà occupé la ville de Goma. Son ascension rapide et ses liens avec le Rwanda avaient suscité l’inquiétude et déclenché des efforts internationaux pour un cessez-le-feu. Après des pourparlers, le M23 avait mis fin à sa rébellion en 2013, mais a depuis repris les armes.

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