Nous publions aujourd’hui le deuxième éditorial commun, signé des comités de rédaction de La Cause du Peuple et de Nouvelle Époque. Cet éditorial est publié à l’occasion de la sortie du numéro 76 de notre journal, pour les mois de mars-avril 2024.
La dernière période a une nouvelle fois été très fournie ; qu’avons-nous pu observer ? Nous avons pu voir le développement de la décomposition de l’impérialisme français, ce qui se reflète sous la forme d’une crise à tous les niveaux : économique, social, culturel et surtout politique. C’est cela que nous connaissons tous, que nous sentons dans notre chair chaque jour qui passe, même si parfois nous avons du mal à nommer la chose et à la comprendre.
La crise de régime qui se profile en perspective est claire pour celles et ceux qui veulent bien la voir en ce début d’année 2024. Tout d’abord, le gouvernement réactionnaire a poussé la mise en place de la « Loi Immigration », qui attaque frontalement les droits des prolétaires immigrés ; la fin du droit du sol à Mayotte qui a été annoncée récemment va dans le même sens. Les Macron, Darmanin et consorts n’ont au fond qu’un seul objectif : celui d’atomiser toujours plus la classe qui produit tout mais qui n’a rien, c’est-à-dire de la diviser en petites parcelles indépendantes les unes des autres sur la base de critères comme l’origine, le sexe, la religion, etc, en exploitant économiquement toujours plus une frange du prolétariat au passage. Cette politique d’atomisation de la classe n’est pas nouvelle, elle a été déclenchée par la bourgeoisie il y a maintenant bien longtemps, face à une classe ouvrière indivisible, ayant construit des organisations uniques et, donc, puissantes.
Depuis, grâce au rôle néfaste des opportunistes au sein du mouvement des travailleurs qui ont vendu la lutte pour des places au chaud et préféré la conciliation et la négociation à la lutte acharnée, la politique d’atomisation a fait des ravages. L’unité syndicale au sein d’une seule Confédération Générale des Travailleurs n’est plus qu’un lointain mirage, et au sein de nos quartiers prolétaires, nous ne pouvons même plus compter le nombre d’« associations », toutes divisées et se tirant dans les pattes pour savoir laquelle d’entre elles pourra bénéficier de plus de subventions de la part de la mairie. Tout cela n’est pas une fatalité, et notre travail de tous les jours doit aller dans le sens de l’Unité sur la base de revendications concrètes. L’absence d’une Unité Politique dans un vrai Parti révolutionnaire permettant de diriger le mouvement, la seule chose qui au fond serve notre émancipation, est le cœur de tout le problème, c’est de là que le reste découle. C’est parce que nous ne sommes pas capables de rendre les coups collectivement et de porter des revendications concrètes avec nombre et force que la bourgeoisie a pu tranquillement faire son bonhomme de chemin et petit à petit défaire les liens organiques que nous avions tissé entre nous, au prix cher.
La récente révolte des agriculteurs a, elle, montré une autre facette du même problème, la question de la direction. Sans une organisation reliant étroitement les petits et moyens agriculteurs au reste des masses populaires, et leur permettant une action unifiée politiquement et organisationnellement, ces révoltes à la base légitimes ne peuvent qu’être récupérées par les charognards à la solde des grands monopoles impérialistes, qui s’en servent comme mesure d’ajustement. Cet événement a toujours plus montré le fossé qui peut exister entre les conditions de vie de ces petits exploitants et leurs directions patronales bourgeoises. La seule voie pour ces paysans révoltés, c’est l’union avec les travailleurs les plus opprimés pour faire une nouvelle société où la terre sera socialisée pour subvenir aux besoin de chacun et respecter la Nature.
Dans tous les cas, la bourgeoisie est sur tous les fronts pour essayer de nous empêcher de reconstruire nos instruments de luttes, nos organisations de combat. C’est le sens de toutes les réformes que nous connaissons depuis des années, ainsi que du matraquage idéologique permanent que nous subissons. Par ces dispositifs, les exploiteurs tentent de mettre dans le plus de têtes possibles que l’intérêt de l’ouvrier et du patron est le même, que nous formons une unité nationale sans contradictions de classe aucune et que l’intérêt de « La France » est au-dessus de nous, au dessus de tout. Cela rentre clairement dans les plans plus généraux de la bourgeoisie impérialiste française de restructuration de l’appareil d’État et de militarisation exacerbée, avec une tendance à la guerre de plus en plus forte, comme moyen de contourner le problème de fond.
Tout cela est très impressionnant, et nous ne devons pas sous-estimer la puissance d’un État en crise profonde ; mais nous savons que cela ne peut pas suffire à nous vaincre définitivement, car notre classe a su résister dans les pires conditions, dans les pires prisons, nous sommes donc pétris d’optimisme ! Ce qu’il faut propager partout, c’est donc l’inverse de ce que disent les réactionnaires. Le rôle des militants révolutionnaires est aujourd’hui de porter l’Unité de la classe, en comprenant que la réactionnarisation accrue de l’État bourgeois n’est qu’une tentative de plus de nous barrer la route. Nous n’avons qu’une seule voie à suivre, celle de la lutte collective pour faire triompher nos principes par dessus ceux de la bourgeoisie décadente. Chaque tract, chaque débat, chaque affiche, chaque événement ; chaque action que nous menons est ô combien importante dans la situation actuelle, car chaque jour qui passe sans révolution, c’est un jour de plus où nous vivons sous un système infâme. Il faut nous battre partout où nous agissons pour faire triompher l’Unité contre la division !
Les Comités de Rédaction de La Cause du Peuple et de Nouvelle Époque