Editorial : Le futur grand retour de la Politique

Nous avons l’habitude de penser que la Politique, c’est la mascarade électorale, les politiciens professionnels du mensonge, le spectacle navrant de l’Hémicycle et tout ce qui tourne autour. La définition Marxiste est tout autre. Karl Marx, le fondateur du Marxisme, nous dit que la Politique c’est “tout mouvement dans lequel la classe ouvrière s’oppose aux classes dominantes en tant que classe et cherche à les contraindre par la pression de l’extérieur« . Cela signifie que la Politique, c’est le mouvement des prolétaires organisés qui cherchent à contraindre, à forcer la bourgeoisie à concéder de nouveaux droits. Nous pouvons donc dire que la Politique c’est la lutte des classes, c’est-à-dire la lutte des opprimés pour transformer le monde matériel, qui se condense dans l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie.

Lénine synthétise tout cela, en nous expliquant que « la lutte des classes devient réelle, conséquente, développée, seulement quand elle embrasse le champ politique… Le Marxisme reconnaît que la lutte de classe est complètement mature, « nationale » ; seulement non seulement elle embrasse la politique, mais de la politique l’élément essentiel : la structure du pouvoir d’État. » Nous voyons à nouveau ici que la Politique c’est, au fond, la lutte des classes ; et que son coeur c’est la structure du pouvoir d’Etat. La Politique c’est donc la lutte du prolétariat pour le pouvoir, c’est-à-dire pour savoir qui dirige l’Etat et de quel type sera cet Etat. Le prolétariat ne peut pas conquérir le pouvoir par l’intérieur de l’Etat, et encore moins en ces temps de réactionnarisation et de crise du capitalisme. Même Coluche l’avait compris quand il disait que si les élections servaient à quelque chose, elles seraient interdites. Le taux d’abstention est le résultat du bon sens populaire, et non du désinterêt pour la Politique. Au contraire, les Français sont un peuple très politisé qui comprend ce qu’il se trame, mais bien sûr d’une manière imparfaite. Les fameuses disputes sur tel ou tel sujet Politique lors des repas de Noël sont un élément qui touche au social, à la lutte des classes. Le prolétariat ne pourra pas atteindre une réflexion totalement mature tant qu’il ne se confrontera pas à l’Etat dans la lutte titanesque pour changer totalement sa structure.

La révolte contre l’oppression est intimement Politique. L’explosion des quartiers prolétaires en 2005 marquait assurement les prémices du futur retour de la Politique. 2005 a fait tomber le masque de la fausse “démocratie” et a montré a tous que la normalité impérialiste n’était qu’une fine feuille de vigne. Une partie conséquente du prolétariat est prête à l’affrontement direct, violent, avec la machinerie étatique bourgeoise. Sans Direction, mais organisées, les masses ont montré que l’Histoire de notre pays ne sera jamais un long fleuve tranquille. Elles nous ont montré où les révolutionnaires devaient être.

Et que dire du mouvement des Gilets Jaunes qui s’est politisé instantanément ? Nouvelle crise du capitalisme oblige, n’est-ce pas l’expression vivante de la politisation des masses de France? Il n’y a que les réactionnaires anti-peuple qui pensent que les Français sont des veaux. Il suffit d’enquêter simplement en discutant avec les masses profondes pour comprendre ce que pensent beaucoup : en substance, « il faut que ça pète ». Beaucoup sont arrivés à la conclusion que rien ne peut changer dans ce pays sans la violence, et ils ont raison. Le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) était l’expression de ce désir de changement, bien entendu avec toutes les limitations et la naïveté que cela implique. Les masses sont traversées de profondes contradictions, c’est pour cela que la tâche incombe aux révolutionnaires conséquents de synthétiser tout cela et de le transformer en mots d’ordre clairs. Ceux qui n’ont vu dans ce mouvement que la petite-bourgeoisie, que le côté réactionnaire, ratent alors l’autre moitié de la contradiction, la principale. Quand bien même, la petite-bourgeoisie doit à tout prix participer à la Révolution, mais dirigée par la classe ouvrière. C’est donc dans la lutte que se règlent toutes ces questions, pas dans une posture contemplatrice.

Nous comprenons donc que tous ceux qui agissent par l’intérieur de l’Etat, les révisionnistes (Parti ”Communiste” Français et consorts) et les opportunistes ( «la gauche» LFI, PS, “écolos”, etc) qui ne jurent que par les élections pour se pavaner au Palais Bourbon, sont tout sauf des mouvements Politiques. Ils sont une fraction du grand parti unique de la bourgeoisie qui est composé de tous les «partis politiques» qui ont des élus ou qui se présentent. Le mirage de la pluralité se dissipe dans leur rapport à l’Etat, car aucun de ces opportunistes ne veut changer le système de domination ; même quand ils le proclament, ils ne font rien pour cela. Il nous font miroiter un changement en douceur, une Révolution qui ressemblerait à une conférence “de gauche” dans une fac. Ils ne posent pas les choses dans le cadre historique nécessaire : l’ouverture d’une seconde vague de Révolutions Prolétariennes dans le monde.

Les pseudo-révolutionnaires qui participent à la mascarade électorale devraient vraiment se poser la question de leur imposture. Comment peuvent-t-ils continuer à faire exister l’idée d’un quelconque changement par les élections, en toute connaissance de cause ? Tout cela n’est qu’une chimère. L’argument fallacieux de la «conscientisation» est une supercherie opportuniste : en France, les masses sont conscientes, elles comprennent la situation car elles la vivent ! Elles n’attendent plus que l’Avant-Garde sérieuse pour se mettre en mouvement.

Les pires de tous, bien sûr, sont les révisionnistes du P »C »F, qui usurpent le nom du Parti du prolétariat et le plus beau mot de l’Humanité pour prôner la réaction. Là aussi, le bon sens des masses est exemplaire : plus personne ne vote pour ces tartuffes, et c’est bien fait ! Le seul enjeu de ces fractions du parti unique qui nous gouverne est de savoir qui va gérer le vieil Etat et comment. Dans l’arrière-cour, c’est l’affrontement entre les monopoles pour savoir quelles orientations aura le pays afin de mieux faire fructifier leurs capitaux, car ce sont les monopolistes qui tirent les ficelles et qui dirigent veritablement la destinée de la Nation pour l’instant. Le seul réel mouvement Politique lors des dernières élections a donc été le boycott actif, car il portait exactement le coeur de la Politique, la question de qui doit diriger le pays.

La lutte à mener, c’est celle du prolétariat organisé qui doit partir à l’assaut de la citadelle d’Etat, où sont retranchés les monopolistes et tous leurs larbins. La lutte des classes ne sera véritablement mature et le mouvement Politique véritablement Politique que lorsque le prolétariat commencera à détruire l’ancien Etat et à édifier le nouveau. C’est la grande question de notre époque et sa réponse ne peut plus être ajournée.

Ce moment où la Politique fera son grand retour dépend du facteur subjectif, c’est-à-dire de l’organisation du prolétariat, car le facteur objectif n’a jamais été aussi mûr. La crise économique est là, le bouclier fiscal ne fait que ralentir la chute mais la rendra plus dure. Les réactionnaires ne peuvent conjurer la lutte des classes, le mouvement de l’Histoire. Au début des années 1990, après la chute de l’URSS social-impérialiste, des intellectuels mal avisés avaient prédit « la fin de l’Histoire ». La fin de l’Histoire, pour eux, c’était la victoire de la «démocratie» – en fait, le règne total du capital. Ceux qui ont utilisé ce terme ont dû se rétracter rapidement, vu la situation mondiale qui n’a cessé de se dégrader. Ce que les intellectuels bourgeois n’avaient pas compris, c’est que ce moment charnière marquait le début de la fin de leur Histoire, celle d’une Humanité soumise au règne du profit et des interêts privés mesquins. Notre siècle connaîtra d’une façon ou d’une autre la chute du vieux monde et la naissance d’un nouveau.

Il est urgent de s’organiser, de sortir des sentiers battus, de se lever comme un seul Homme pour crier et montrer dans les faits que leur règne est fini. Nous l’affirmons : les Pinault, Arnault, Bouygues, et tous les monopolistes sont des « tigres en papiers ». Les Macron et tous les politiciens ne sont que leurs larbins et ils finiront comme eux, car la main justicière des masses ne tremble pas avec les oppresseurs. La misère n’est pas une opprobre, elle est le combustible du nouveau monde. Ce sont les plus exploités, tous les gens que ceux d’en haut toisent, qui sont la France de demain. Tout révolutionnaire consistant a comme devoir absolu de lutter pour se fondre avec les masses. N’ayons pas peur des montagnes à franchir, tout se règle dans la lutte ; surtout, ne détournons pas le regard de l’horizon où pointe le soleil d’une nouvelle humanité.