Russie/Ukraine : voir au-delà de la ligne de front

Le 24 février 2022, les impérialistes russes ont lancé une opération militaire massive visant à désarmer l’Ukraine, mais surtout à empêcher son intégration à l’OTAN. Nous ne nous étendrons pas sur les plans de Poutine au sujet de l’Ukraine (déjà explicités dans un précédent article) mais cette guerre marque un nouveau jalon vers un affrontement généralisé.

Nous devons voir plus loin que les missiles sur Kiev et la propagande du monopole médiatique sur cette affaire. Il faut aller chercher le fond de l’affaire pour comprendre ce qu’il se passe dans notre monde. Cette guerre ne sort pas de nulle part, elle n’est pas la volonté d’un Poutine pris de folie ou d’une “géopolitique” coupée de la base économique. La base de tout cela est l’énorme crise qui secoue le système économique mondial, poussant chaque puissance à se repartager le monde.

La propagande occidentale tournant à fond masque la réalité sur les évènements, car malgré cette invasion violente, les USA restent le principal pourvoyeur de guerre dans le monde. Leur caractère de superpuissance hégémonique n’a pas changé avec la guerre en Ukraine, il s’est même renforcé. Les USA ont tout fait pour que l’impérialisme russe en crise soit obligé de passer à l’action. Les USA ont laissé les coudées franches à Poutine pour envahir l’Ukraine en déclarant à de nombreuses reprises qu’ils n’enverraient pas d’hommes sur place.

Tous les pays de l’OTAN ont été obligé de s’aligner, plus ou moins, sur la politique américaine. L’OTAN, aujourd’hui, n’a pas les moyens de résister à l’impérialisme russe sur ses frontières. Les USA ont concentré 60 % de leur arsenal dans la zone pacifique, qui est la base du futur affrontement contre la Chine, et les puissances impérialistes du vieux continent sont en train de se réarmer.

L’invasion de l’Ukraine sert en tout point l’impérialisme US, car cela va forcer ses partenaires européens à se réarmer massivement ce qui était depuis quelques temps présenté comme une nécessité par l’OTAN. De l’autre côté, la Russie va vivre en paria et subir les foudres des sanctions économiques. Il sera plus dur de commercer avec elle, et les USA arrimeront encore plus l’Union Européenne à leurs ambitions impérialistes. L’Allemagne vient d’ores et déjà d’annoncer qu’elle investissait 100 milliards de dollars dans son armée et qu’elle allait augmenter son budget militaire à 2 % du PIB ; l’impérialisme allemand voit ici le moyen de se reconstituer comme grande puissance. La France, elle, est dans une position intermédiaire. Un bloc – certes rempli de contradictions – est en train de se reformer autour des USA.

En réaction à tout cela, la Russie va se jeter dans les bras de la Chine pour résister à la pression constante des USA et de l’OTAN qui veulent la voir s’effondrer. L’Europe orientale va être surarmée par les milliards américains et les forces de l’OTAN accentuant toujours plus le risque de guerre. Ces pays sera encore plus soumis à l’impérialisme et au capitalisme bureaucratique.

Le réarmement massif va peser de tout son poids sur les épaules du prolétariat. La crise économique va s’accentuer. La restructuration de l’économie va être une question de vie ou de mort pour les capitalistes. Tout cela va renforcer la vague réactionnaire dans notre pays : le militarisme va avoir le vent en poupe, au nom de la menace russe et avec la menace chinoise en toile de fond.

Mais, comme nous le répétons à longueur d’article, tout cela n’est qu’un aspect des choses. Ces 20 dernières années le monde, et notamment la France, a été marqué de révoltes, d’insurrections, de mouvements sociaux et populaires. Les masses sont en mouvement dans toutes les directions. Ce sont les masses qui font l’Histoire, dont le moteur est la lutte des classes, c’est-à-dire la lutte pour passer du règne de la nécessité à celui de la liberté. La crise économique, la réactionnarisation, la tendance à la guerre ; tout cela va renforcer la lutte des classes dans le monde.

Les impérialistes semblent toujours plus puissants avec leurs colossaux stock d’armes, leurs capacités nucléaires pouvant raser l’humanité, mais tout cela n’est pas signe de leur bonne santé, bien au contraire.

La confiance des masses dans les gouvernements est de plus en plus faible. Les nombreux échanges que nous pouvons avoir depuis le début de la campagne pour le boycott actif des élections présidentielles prouvent que les classes populaires en ont soupé des promesses des politicards. L’enfumage du monopole médiatique ne peut rien y changer car la réalité matérielle ne se camoufle pas. Pour de nombreux prolétaires, la situation s’aggrave d’années en années, l’Insee l’affirme, notre quotidien le confirme.

Alors oui, la tendance est à la IIIème guerre mondiale, mais elle est aussi à la Révolution et c’est cela que nous devons avoir à l’esprit. Seule l’organisation politique des prolétaires peut bloquer la marche à la guerre, peut conjurer la tendance au fascisme. C’est vers cela que nous devons porter nos regards au-delà de la ligne de front des batailles impérialistes.