Cela n’a échappé à personne en France : nous vivons actuellement une lutte qui concerne le gouvernement bourgeois de Macron et la large opposition à sa réforme des retraites.
L’accélération des réformes pour répondre à la crise
Mais cette réforme n’est pas nouvelle : elle n’est qu’une version réchauffée de ce qui avait été préparé pour 2019, puis repoussé à la suite du COVID en 2020, au milieu d’une mobilisation notamment portée par le secteur des transports à l’hiver 2019.
De la même manière, elle n’arrive pas seule : ces dernières années ont vu se succéder les lois sécuritaires (entrée de l’état d’urgence dans la loi, anti-casseurs, sécurité globale, séparatisme), et anti-chômeurs et pauvres (réformes du chômage, loi sur le logement). Leur point commun : attaquer les droits élémentaires des larges masses en France, dans un contexte où nous payons de plein fouet les effets de la crise comme l’inflation. Ce sont des dizaines de millions d’entre nous qui sommes concernés par les effets de tous ces textes qui renforcent notre exploitation et cherchent à nous couper les vivres.
Cette situation d’accélération des réformes est une tendance qui se poursuit depuis plus de 30 ans. Dés 1993, Balladur avait fait sa propre réforme des retraites, tandis qu’en 1995, 2006, 2010 ou encore 2016, des mouvements ont agité le pays face aux mesures anti-populaires des gouvernements, quelle que soit leur couleur politique.
Alors pourquoi tous les gouvernements font-ils ces réformes ? Et pourquoi le rythme s’accélère-t-il ?
C’est une réponse directe à la crise générale de l’impérialisme, dans laquelle la bourgeoisie française est embourbée. On le voit bien avec les retraites : Macron n’a à la bouche que la nécessité de la réforme et la compétitivité internationale, en montrant à quel point la France est en retard sur l’Allemagne ou les Pays-Bas, où l’on part à la retraite des années plus tard. C’est car l’impérialisme français ne peut pas se satisfaire de décliner dans l’échelle des puissances ou de redistribuer à jamais : il doit réformer son État à marche forcée pour tenter, sans jamais réussir, à endiguer la crise.
Un gouvernement sourd révèle l’impuissance syndicale
Voilà pourquoi tous les gouvernements, socialistes, droite, macronistes etc. réalisent ces réformes. Ils agissent dans l’intérêt de la classe au pouvoir, dont ils sont les gestionnaires : tout comme Mitterrand l’avait déjà prouvé avec son « tournant de la rigueur » en 1983.
Aujourd’hui, malgré les millions de personnes dans les rues, le gouvernement de Macron et la bourgeoisie se montrent sourds à la mobilisation. C’est précisément pour cela : ils argumentent la nécessité de leurs réformes pour éviter que le système ne s’effondre.
Dans ce contexte, l’intersyndicale, dirigée par les grandes confédérations, mène la danse du mouvement depuis des dizaines d’années contre ces réformes. Malgré ces décennies de manifestations répétées, l’impuissance de cette tactique n’a jamais été aussi visible qu’aujourd’hui. Pour preuve : il y a des chiffres records, mais le gouvernement ne cède pas. On ne peut pas se satisfaire des cadres syndicaux.
L’unité à la base des prolétaires est nécessaire : ne pas s’attacher à la couleur du gilet, mais aux actes et aux idées révolutionnaires qui fleurissent parmi nous. Dépasser les vieilles tactiques qui se sont vautrées dans le légalisme : en plus des manifestations dans les rues, on a vu en 2023 des « Actions Robin des Bois » où l’électricité a été rendue gratuite, des coupures de courant chez les députés…
Il faut attaquer la bourgeoisie, aller la chercher là où elle est. Quelle était leur stupeur quand des milliers de Gilets Jaunes attaquaient les Champs-Elysées, à l’hiver 2018 ? Il faut leur donner à nouveau cette peur. Rien de mieux que les paroles d’un de leurs chiens de garde pour rappeler ce qui passait dans la tête des bourgeois français à ce moment là : selon un CRS posté à l’Élysée et interviewé par France Inter1, les Gilets Jaunes étaient : « des gens qui voulaient en découdre, ils avaient de la bave qui leur coulait de la bouche, c’était des animaux ».
Non, nous savons bien que nous ne sommes pas des animaux. Nous luttons pour nos droits, pour une vie meilleure, et ce qui nous amène spontanément dans la rue est la destinée partagée par toute une classe. Nous devons aller au-delà, partir à l’offensive sans dépendre des confédérations où siègent des « représentants » comme les secrétaires de la CFDT ou de la CGC, qui touchent plus de 4 500€ et 7 000€ net par mois chacun2. Ces gens là ne sont pas de notre camp.