Loi immigration : une mesure de division supplémentaire pour réprimer le prolétariat

 

Nous publions ici un article du n°75 de la Cause du Peuple, du mois de février 2024.

Des milliers de personnes ont déjà marché contre la fameuse « loi immigration », adoptée à la fin de l’année 2023 par le Parti de Macron, la droite et le Rassemblement National au Parlement.

Mais que contient cette fameuse loi ? Pourquoi peut-on dire qu’elle est une nouvelle attaque pour diviser et réprimer les prolétaires ?

Concrètement, la loi adoptée permet d’expulser plus facilement les étrangers, de durcir l’accès aux aides, de faire payer aux étudiants étrangers des frais supplémentaires… On peut aussi citer la fermeture de l’accès aux hébergements d’urgence, la restriction de l’accès aux soins, la fin du droit du sol automatique…

En bref, ces mesures ont pour seul objectif davantage de répression par l’État bourgeois !

Les mesures adoptées renforcent deux tendances :

Premièrement, dans le cadre de la réactionnarisation de l’État bourgeois français, les droits des français et des étrangers deviennent de plus en plus éloignés, ce qui va contre un bon nombre de principes portés par la bourgeoisie elle-même : les droits de l’homme en général, l’égalité des droits en particulier.

Deuxièmement, cela divise davantage les prolétaires français des « autres » prolétaires, notamment avec la fin du droit du sol automatique qui faisait des enfants d’étrangers des français de plein droits car ils naissent, grandissent, étudient et travaillent en France car leurs parents y résident. Désormais, il sera possible d’expulser ou de réprimer des enfants nés en France et, dans quelques années, cela pourra même s’appliquer à plusieurs générations. La bourgeoisie veut créer plusieurs catégories de prolétaires, qui ont des droits différents, pour leur éviter de s’unir. C’est une vieille politique qui était déjà dénoncée par Marx en Angleterre au 19e siècle : « Ce qui est primordial, c’est que chaque centre industriel et commercial d’Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. […] Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise. ». Cela s’applique aussi aujourd’hui en France.

Avec cette loi, la bourgeoisie française se sert du sujet de l’immigration pour agir contre le prolétariat (qu’il soit français ou non, car combien d’enfants et d’adultes français souffriront indirectement des mesures qui toucheront leurs parents, leurs cousins, amis ou bien leurs partenaires qui n’ont pas la nationalité ?), alors même que, faut-il encore le rappeler, l’immigration des pays opprimés est le résultat de la domination impérialiste du monde. Pour la situation française, c’est l’impérialisme français lui-même qui pousse les migrants à prendre les pires risques pour venir être exploités en France. Comme le rappelait le Mouvement Populaire du Pérou (MPP) en 2023 à l’occasion de la soi-disant « crise de Lampedusa » : « Nous réaffirmons notre conviction que les grands mouvements de population des nations opprimées vers les pays impérialistes sont liés aux trois contradictions du monde actuel. C’est le développement de la contradiction principale [entre puissances impérialistes et nations opprimées] qui détermine les hauts et les bas des flux migratoires […]. Il s’agit donc de l’expression du plus grand parasitisme ou de la décomposition de l’impérialisme, un vieux père malade et mourant, et de son rejeton, le capitalisme bureaucratique, un fils malade et mourant. ».

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