Le mégaprojet de l’impérialisme yankee avec l’Inde, l’Europe et l’Arabie Saoudite soulève des différends avec la Chine

Cet article est la traduction adaptée et non-officielle d’un article du journal brésilien A Nova Democracia.

Le président américain Joseph Biden a annoncé un mégaprojet en partenariat avec l’Inde, les pays européens et l’Arabie Saoudite lors du sommet du G20, qui s’est tenu le week-end du 9 et 10 septembre derniers. Le plan coordonné par l’impérialisme yankee vise à construire un corridor d’infrastructures entre l’Inde et l’Europe, en passant par des pays du Moyen-Orient tels que l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël, et soulève des différends avec la Chine et sa « nouvelle route de la soie ».

Si on ignore encore les coûts et le calendrier de ce mégaprojet, on sait déjà ce qu’il y aura au programme : la connexion des réseaux énergétiques, l’installation de câbles sous-marins et terrestres, la fourniture de connexions numériques et l’installation de gazoducs à hydrogène d’Israël vers l’Europe. Ce mégaprojet est une tentative claire de contrer les intérêts chinois, qui avancent en Asie, au Moyen-Orient et même en Amérique latine, à travers la construction progressive de la « nouvelle route de la soie ».

Celle-ci est un projet lancé en 2013 par le gouvernement chinois. Il vise à étendre le réseau d’influence et la domination du social-impérialisme[1] chinois en finançant massivement des projets d’infrastructure tels que des routes, des ports, des chemins de fer et des projets énergétiques qui relient l’Asie et l’Europe. La conséquence immédiate de ce projet est la soumission des pays semi-coloniaux impliqués à la Chine, avec des dettes massives dues par les pays opprimés aux banques chinoises[2], la super-exploitation des travailleurs des pays semi-coloniaux et l’accès privilégié (parfois monopolistique) de la grande bourgeoisie chinoise aux matières premières de ces pays. Depuis 2014, le projet s’est également étendu à l’Amérique latine, après que le Chili a rejoint l’initiative.

Tensions et pillages

Le nouveau projet annoncé par les États-Unis s’ajoute à la liste des mesures prises par l’impérialisme yankee en Asie pour contrer la Chine. Rien que ces dernières années, les États-Unis ont coordonné des réunions « multilatérales » dans la région, dans le cadre du Dialogue Quadrilatéral sur la Sécurité (Quad), et ont mis en œuvre de nouveaux projets économiques pour l’Asie, notamment le Cadre économique indo-pacifique[3]. Sur le plan militaire, l’impérialisme yankee a attisé les tensions dans la région de Taïwan, la mer de Chine, les Philippines, les îles Kouriles[4] et la frontière entre la Chine et l’Inde, avec des exercices militaires qui ont battu des records en termes de taille et de nombre de troupes mobilisées.

Dans cette offensive, les Etats-Unis cherchent à utiliser les combats entre l’Inde et la Chine en leur faveur. Depuis 2020, à la suite d’un affrontement entre les troupes indiennes et chinoises sur la ligne de contrôle effective (territoire qui divise la frontière sino-indienne), l’Inde se rapproche de la superpuissance états-unienne.

Cependant, l’impérialisme yankee aura plus de mal à gérer sa situation au Moyen-Orient. Des difficultés apparaissent dans les relations entre l’Arabie saoudite et Israël, ainsi que dans la lutte d’influence avec la Chine. Ces dernières années, le président chinois, Xi Jinping, a profité de l’usure des États-Unis dans la région, causée par les guerres d’agression successives menées par l’impérialisme yankee au Moyen-Orient, pour se rapprocher de pays comme l’Arabie saoudite et étendre son influence existante sur l’Iran. En mars de cette année, la Chine a négocié un accord visant à rétablir les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Il s’agit d’une série d’épisodes qui indiquent l’aggravation des conflits inter-impérialistes entre la Chine et les États-Unis, ce qui laisse présager de grandes tempêtes mondiales dans les décennies à venir. Ce scénario aura des conséquences encore plus directes pour les peuples des pays directement impliqués dans les différends, qui devront faire face à un pillage et à une exploitation encore plus importants de leurs pays, quelle que soit la superpuissance ou la puissance qui établira sa domination et dirigera la mise en œuvre des mégaprojets.


[1] Un État social-impérialiste est un État « socialiste dans les mots, impérialiste dans les actions » (Lénine).

[2] Lire l’article « Au Sri-Lanka, le piège de la dette se resserre ».

[3] Indo-Pacific Economic Framework (IPEF).

[4] Archipel situé au nord du Japon, administré par la Russie mais partiellement revendiqué par le Japon, revendication soutenue par les États-Unis.

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