Nous avons récemment appris la grande nouvelle de la création d’un Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité à Saint-Denis, ce premier CPES de la région parisienne est né d’une volonté des habitants du quartier populaire de Delaunay Duclos Fabien de lutter pour des conditions de vie dignes dans une cité qui est aujourd’hui abandonnée par l’Etat et toutes ses représentations locales, en lien avec le travail des militants révolutionnaires impliqués depuis des années dans le travail au cœur des quartiers populaire de St-Denis.
« DDF » est un quartier comme il en existe des dizaines dans la banlieue parisienne, cet ensemble constitué de tours et de barres construit dans les années 60 connait aujourd’hui un état de dégradation avancé, il n’y a plus rien ici, ni commerces, ni maisons de quartier, pas de salles pour se réunir pas de lieux pour les jeunes c’est la cité dortoir par excellence. » Sofiane, habitant du quartier
A part le secours populaire qui tente de faire face à des centaines de familles nécessiteuses les quelques associations qui subsistent dans le quartier manquent de tout, n’ont pas de moyens suffisants et se rendent bien compte que malgré toute la volonté du monde, le quartier continue de voir ses habitants partir et s’enfoncer dans la morosité et l’insalubrité.
« On s’emmerde à DDF » a témoigné un jeune lors d’une table d’information du CPES. Cette réaction illustre parfaitement la situation de centaines de jeunes du quartier qui à part trainer au stade de foot n’ont pas d’autres activités à réaliser.
Les parents partagent le même désarroi mais ont conscience que le quartier peut se mobiliser pour se défendre, contre la gentrification, les destructions d’immeubles et expulsions camouflées derrière des soi-disant projets de rénovation, et c’est de cette volonté qu’est née le CPES.
La première réunion du CPES a réuni une dizaine d’habitants et d’habitantes qui se sont accordés sur la nécessité de lutter à travers un comité large et ouvert, mais combattif et déterminé pour grouper le maximum d’habitants et de soutiens. Mais par où commencer, quand rien ne va au quartier ? Les habitants ont décidé de s’attaquer en premier lieu aux caves et parkings qui ne disposent pas d’extincteurs ou de moyens de lutte anti-incendie, les compteurs électriques sont ouverts et les câbles tombent du plafond.
Les caves sont également rongées par les fuites et les moisissures qui altèrent la qualité de l’air de manière dangereuse pour la santé. En cas d’incendie c’est le drame assuré, l’année dernière à Stains, ville frontalière trois personnes sont mortes dans un incendie d’immeuble qui n’était pas aux normes. Nous ne laisserons pas cette situation se reproduire à St-Denis sans réagir !
Il a donc été décidé collectivement d’envoyer une lettre au bailleur Plaine Commune Habitat pour exiger :
- la réalisation d’une expertise suivie de la publication d’un rapport accessible à tous sur la sécurité incendie et électrique.
- L’installation d’extincteurs et de matériel anti-incendie dans les caves et parties communes
- Mise en place de travaux pour la rénovation des installations électriques, réparation immédiate des câbles dénudés.
C’est la première pierre posée pour lutter contre Plaine Commune Habitat mais aussi contre le sinistre Hanotin maire « socialiste » de Saint-Denis qui dilapide l’argent public dans l’installation de caméras à reconnaissance faciale, dans le financement d’unités de police ou encore dans des projets hors-sols n’intéressant pas les masses, mais ne prend pas soin de leur condition de vie, tant dans le logement qu’en dehors.
La constitution d’un premier CPES en Ile-de-France est une grande victoire pour tous les habitants des quartiers, car cette formule, cet outil de lutte et d’émancipation pour les masses, lancé en 2021 à Lyon, puis suivi de Toulouse au Mirail, et en préparation dans d’autres quartiers a fait ses preuves. Nous l’avons encore récemment vu avec la victoire sur les radiateurs gagnée par le CPES de Toulouse.
Comme le rappelle très souvent notre correspondant du CPES des Etats-Unis à Lyon, encore très récemment suite à la création d’un deuxième CPES à Lyon, « nous marchons à grands pas vers la mise en place d’une coordination nationale des CPES afin de déclencher un soulèvement des quartiers, qui est aujourd’hui nécessaire notamment face aux plans de destructions de l’état et de l’ANRU. »
Notre journal restera donc attentif au développement du CPES de St-Denis qui joue déjà un rôle très actif notamment dans l’organisation d’un tournoi de foot avec le Comité Palestine Saint-Denis en soutien à la résistance du peuple palestinien et libanais et pour la libération de Georges Abdallah. Tournoi qui a été un grand succès regroupant plus de deux cents habitants et permettant d’officialiser le lancement de ce CPES !