Autriche : le secteur de la santé à l’agonie

Alors que le gouvernement de coalition (partis conservateurs et écologistes) dirigeant l’Autriche entame sa dernière année avant les prochaines élections, s’assurant bien de chauffer le siège à l’extrême droite, le pays connaît une crise de son système de santé. Sa population se retrouve privée d’un accès égalitaire au soin. Et pour cause, une pénurie de médecins et de médicaments se fait sévèrement ressentir. La classe dirigeante, en collaboration étroite avec les gros monopoles pharmaceutiques, a donc décidé d’engranger une refonte de ce système. Mais la réponse n’est pas celle que le peuple attend.

Comme en France, le système de santé autrichien est fracturé entre un système d’assurance sociale public (financé à part égale entre l’État et l’assurance maladie sociale) laissé à la dérive, et un système privé en plein essor. Durant ces dernières années, de nombreux hôpitaux et structures médicales de soin ont fermé, créant de véritables déserts médicaux. Cette déstructuration du système se fait au profit du secteur privé qui décide de ses propres règles : consultations hors de prix, refus de pratiquer des opérations peu rentables même quand elles sont vitales… Dans une véritable ruée vers l’or, les médecins et praticiens désertent le public pour le privé. À cela s’ajoutent les pénuries constantes de médicaments, pourtant essentiels, relevant des laboratoires pharmaceutiques étrangers auprès desquels l’Autriche passe commande. De cette fracture, ce sont les assurés sociaux, c’est-à-dire les prolétaires, qui en souffrent le plus car leurs options en matière de soin sont déjà grandement limitées. Les différentes mesures prévues par la réforme ne résoudront en rien le problème. Les médicaments resteront introuvables tant que les grands laboratoires pharmaceutiques, financés par les caisses publiques, auront la main sur la production. Un tri à l’entrée des consultations « selon l’urgence » dans les nouveaux cabinets médicaux aura lieu, et à la clé, un renoncement au soin par une grande partie de la population. L’objectif ? Faire des économies sur la vie des pauvres pour mieux engraisser les mastodontes capitalistes pharmaceutiques et les professions libérales.

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